Les semi-conducteurs affichent une forme éclatante

Les fabricants européens de semi-conducteurs, à commencer par le franco-italien STMicroelectronics et l'allemand Infineon, se frottent les mains. La hausse du billet vert est une aubaine pour les marges de ces "valeurs dollar", dont les ventes sont facturées dans la devise américaine alors qu'une bonne partie de leurs coûts est libellée en euro. Des marges qui se portent déjà bien. Malgré la récession économique de l'an dernier, la rentabilité opérationnelle du secteur des semi-conducteurs, à l'échelle mondiale, a atteint au quatrième trimestre 2009 son plus haut niveau depuis neuf ans, à 21,4 %, selon une récente étude du cabinet iSuppli. Une marge qui se rapproche du record de 24,7 % établi au quatrième trimestre 2000. Changement de business modèleSi les fabricants de semi-conducteurs ont réussi le tour de force d'accroître leur profitabilité dans un contexte de crise, c'est parce qu'ils ont très rapidement réduit leurs coûts et adapté leur capacité de production à la chute de la demande. Mais pas seulement.La vigueur des marges du secteur résulte également d'un changement de business model. Oublié, le temps où les fabricants de semi-conducteurs s'acharnaient à opérer sur tous les pans du marché. Depuis quelques années, l'heure est au recentrage, à l'image de la vente par Infineon de sa filiale mémoires, entre autres. Les groupes se spécialisant, ils acquièrent ainsi des avantages compétitifs et retrouvent un "pricing power" (capacité à fixer les prix) face à leurs clients. De fait, si les prix des composants électroniques - catégorie à laquelle apartiennent les semi-conducteurs - ont baissé au cours des deux premiers trimestres 2009 (de 5,4 % puis de 2,7 %), ils sont en revanche repartis à la hausse dès le troisième trimestre (+2,2 %), souligne iSuppli.Un marché de 280 milliards de dollarsEt puis, autre facteur de la bonne tenue des marges, la demande est bel et bien de retour. Qu'il s'agisse de iSuppli, du bureau d'études Gartner ou des analystes d'UBS, le rebond du marché mondial des semi-conducteurs est estimé entre 18 % et 21,5 % pour 2010, à près de 280 milliards de dollars. Le succès des smartphones (téléphones intelligents), des mini-ordinateurs portables et des tablettes tactiles compte pour beaucoup dans ces prévisions. Des prévisions à nuancer, toutefois, dans la mesure où le marché avait dégringolé de 11 % en 2009. Il s'agira en réalité d'un retour à la normale de la demande, plutôt que d'une explosion des ventes. Les investisseurs n'en demandent pas davantage, qui gratifient l'indice Bloomberg Monde des semi-conducteurs d'une hausse de 1,4 % depuis le début de l'année. Et comme l' indice avait déjà bondi de 72 % l'an dernier, les valeurs des semi-conducteurs se paient désormais près de 15 fois les bénéfices estimés pour 2010, d'après l'agence Bloomberg. La rançon du succès.
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