Face aux exigences de Bâle III, les banques cherchent des solutions « maison »

Lassées d'être montrées du doigt et inquiètes du durcissement à venir des exigences de fonds propres et de liquidité, les banques françaises haussent le ton. Les nouvelles normes prudentielles Bâle III ? « Des exigences excessives en terme de liquidité et de capitaux » qui « mettraient un terme à la reprise économique », viennent d'écrire les banques françaises en réponse aux propositions du comité de Bâle. Etude d'économistes à l'appui, la FBF estime que ces règles coûteraient 360 milliards d'euros aux banques européennes en fonds propres durs (Core Tier 1). Quant à l'instauration d'une taxe sur les banques, elle réduirait « leurs fonds propres, donc leur capacité à faire du crédit alors même que la part du financement des entreprises par les banques représente plus des trois quarts de leurs besoins contre moins d'un tiers aux Etats-Unis », menaçait la Fédération des banques françaises la semaine dernière. La FBF décrivait alors la taxe sur les banques comme « une fausse solution » de nature à « peser sur le financement de l'économie ». « Dans ces conditions, les politiques peuvent dire adieu à la croissance des crédits », prévient un banquier parisien. Pour autant, les banques françaises, et européennes, ne se contentent pas de protester. Certaines commencent à mettre en place des instruments financiers de nature à renforcer leur solvabilité en cas de crise. En novembre dernier, Lloyds Banking Group a ainsi proposé d'échanger certains titres de dette existante très décotés contre des obligations convertibles « contingentes » (contingent convertibles ou CoCos), qui seront automatiquement converties en capital si le ratio de fonds propres durs du groupe passe sous les 5 %. convaincre les investisseursEn mars, Rabobank a poussé le concept un cran plus loin et émis pour la première fois de la dette dite « contingente ». Si le ratio de fonds propres durs (Equity Tier One) du groupe venait à tomber sous 7 %, ces obligations ne seraient remboursées qu'à 25 % du pair (c'est-à-dire de leur valeur nominale) et les 75 % restants iraient directement renforcer les fonds propres de la banque. « C'est un moyen de mettre les porteurs de dette à contribution en cas de problème. Dans la dernière crise, les détenteurs de dette subordonnée de type lower Tier II n'ont quasiment pas été touchés, ce qui est aberrant », commente un banquier. Accueillie favorablement par les régulateurs, la dette « contingente » doit néanmoins achever de convaincre les investisseurs. Dans le cas de Lloyds Banking Group, la dette échangée était très décotée, les investisseurs n'avaient donc pas grand chose à perdre. Dans celui de Rabobank, l'opération s'est bien déroulée (1,25 milliard d'euros de titres à 10 ans ont été placés), mais la banque présente un profil particulièrement solide (notation triple A et ratio de fonds propres durs de 12,5 %). Nul ne sait si les investisseurs seraient prêts à accompagner de la sorte un établissement un peu plus risqué. En attendant, en France comme ailleurs, l'idée fait son chemin.
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