Polémique sur le pouvoir d'achat des fonctionnaires

Le ministre du Budget François Baroin a informé officiellement les syndicats, mardi, du gel du point d'indice (servant au calcul des salaires) en 2012, pour la deuxième année consécutive. La dernière hausse remonte à 2010. Elle s'était élevée à 0,5 % et avait coûté 930 millions d'euros à l'État. Au vu des objectifs de réduction des déficits (3 % à l'horizon 2013) et de croissance (2 % prévus en 2011, 2,25 % en 2012), « nous ne disposons pas de grain à moudre » pour résoudre cette question du point d'indice, a indiqué le ministre.Les syndicats ont quitté la table des discussions après cette annonce. Ils ont prévu de se réunir le 28 avril pour décider de leur mobilisation à venir. « La valeur du point d'indice a diminué de 10 % depuis 2000, dernière année où un accord salarial a été signé », a souligné Jean-Marc Canon, de la CGT. « Un bac + 5 était recruté 70 % au-dessus du Smic il y a vingt-cinq ans, il est maintenant recruté à 17 % au-dessus. » Pour Brigitte Jumel, de la CFDT, « il va falloir augmenter les bas des grilles de salaires pour éviter que les plus faibles ne se retrouvent sous le niveau du Smic : ce n'est pas une politique salariale ». Une revalorisation automatique du Smic est en effet attendue avant l'été, l'inflation ayant atteint les 2 % en mars. À quel point ces deux ans sans revalorisation du point - 2011 et 2012 - amputeront-ils le pouvoir d'achat des fonctionnaires ? Pour Georges Tron, le secrétaire d'État à la fonction publique, « les syndicats font du point d'indice l'alpha et l'oméga de la rémunération ». Or, selon lui, « toutes les mesures hors point d'indice comptent maintenant beaucoup plus », comme les mesures individuelles liées à l'avancement des carrières ou les rétrocessions aux agents d'une partie des économies permises par le non-remplacement des départs à la retraite. Ainsi, la rémunération des agents (RMPP) continue de progresser, fait-il valoir, de même que leur pouvoir d'achat. Ce dernier a gagné 3,6 % en 2009 grâce à une inflation très faible, puis 2 % en 2010 et devrait augmenter de 1,2 % en 2011. CompensationL'Insee souligne pour sa part que le ralentissement des salaires réels (c'est-à-dire corrigés de l'inflation) s'est clairement amorcé dans la Fonction publique en 2010. Il estime que le salaire moyen par tête a progressé de 1,3 % dans le secteur marchand en 2010 tandis qu'il diminuait de 0,1 % dans les administrations publiques. À mi-2011, ce salaire réel serait en hausse de 0,4 % dans le privé et en baisse de 0,9 % dans le public.Enfin, si d'aventure l'inflation continuait de gagner du terrain, le gouvernement dispose de la Gipa (garantie individuelle du pouvoir d'achat), qui s'exercera en fin d'année. Ce mécanisme permet aux agents dont le salaire a augmenté moins vite que l'inflation de percevoir une compensation correspondant à l'écart constaté. Elle pourrait concerner « de 120.000 à 130.000 personnes » en 2011, souligne-t-on dans l'entourage de Georges Tron, alors que celle de 2010, circonscrite à certaines catégories d'agents, n'avait concerné que 55.500 personnes. Sara Sampaio
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