C'est l'une des conséquences de la crise. En provoquant des réorganisations au sein des entreprises, les turbulences liées à la crise ont aussi apporté leurs lots de désorganisations. Résultat : les entreprises ont constaté une nette augmentation des comportements frauduleux, estime la dernière étude du cabinet Ernst & Young.Depuis deux ans, 21 % des entreprises d'Europe de l'Ouest ont constaté des cas de fraude, qui peuvent prendre la forme de détournements d'actifs via un simple pillage des stocks, de corruption, de contrefaçons ou encore d'infractions aux lois de la concurrence. En France, le pourcentage grimpe à 28 %. Il ne s'élevait qu'à 10 % en 2008. « La crise a fortement perturbé les systèmes de contrôle. Toutefois, elle n'explique pas à elle seule cette augmentation des cas de fraude », précise Philippe Hontarrede, associé chez Ernst & Young. L'internationalisation croissante des entreprises ne serait pas non plus étrangère à ce phénomène. « Plus de 40 % des cas de fraude ont été constatés dans les filiales étrangères des grands groupes », poursuit-il. Ce serait le prix à payer lorsque les entreprises investissent dans les pays risqués, en quelque sorte.contrôles internesL'augmentation des contrôles internes fournit une dernière explication. Depuis 2002 et l'apparition de la loi Sarbanes-Oxley qui impose aux Etats-Unis de nouvelles règles sur la comptabilité et la transparence financière, l'environnement des entreprises a changé, l'étau se resserre sur les fraudeurs. Ainsi, la loi sur la sécurité financière a été votée en 2003 en France. Au Royaume-Uni, la récente adoption du Bribery Act permet aussi de détecter les fraudeurs. « Autrefois, ce sujet était tabou dans les entreprises. Désormais, la gestion des comportements frauduleux est inscrite dans l'agenda des conseils d'administration », constate Antoinette Gutierrez-Crespin, également associée au cabinet d'audit et d'expertise comptable. Fabien Piliu

latribune.fr

19 Mai 2010, 23:23

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