Egypte : l'Arabie saoudite prête à prendre le relais si l'UE décide de suspendre ses aides

Pendant qu\'en Egypte, le bilan des violences s\'alourdit, les négociations diplomatiques s\'accélèrent. Selon les derniers chiffres communiqués, quelque 850 personnes ont été tuées depuis cinq jours dans les affrontements entre partisans de l\'ancien président Mohammed Morsi et ses opposants, dont 27 policiers ce lundi, dans le Sinaï. Les craintes de l\'UELes ambassadeurs auprès de l\'Union européenne chargés des questions de sécurité se réunissaient ce même jour. A l\'issu de cette rencontre, Bruxelles a annoncé la tenue d\'une nouvelle réunion, mercredi, entre les ministres des Affaires étrangères de l\'Union européenne. L\'enjeu : la suspension ou non des aides accordées par l\'UE à l\'Egypte. Les responsables de la diplomatie européenne étudieraient en outre un embargo sur les armes, selon l\'agence Reuters. >> L\'UE menace de revoir ses relations avec le Caire si la violence ne cesse pas\"Nous regrettons profondément que les efforts internationaux\", pour tenter de ramener le calme dans le pays n\'aient pas abouti, ont écrit la veille, le président de la Commission européenne José Manuel Barroso ainsi que celui du Conseil européen, Herman Van Rompuy dans un communiqué commun. \"Les appels en faveur de la démocratie et des libertés fondamentales pour la population égyptienne ne peuvent être négligés, encore moins rejetés dans le sang\", ont-ils argué. L\'Egypte sous perfusionOr, l\'aide de 5 milliards d\'euros promise au pays pour la période 2012-2014 est d\'autant plus cruciale que le pays est exsangue. Confrontée à une forte chute du tourisme, sa première source de revenu, et à un niveau d\'importation de matières premières toujours élevé, l\'économie égyptienne dépend de l\'aide internationale. Les négociations pour un prêt du FMI étant bloquées depuis plusieurs mois, certains de ses voisins arabes ont déjà ouvert leur portefeuille.L\'Arabie saoudite prête à compenserCe lundi l\'Arabie saoudite promet d\'aller encore plus loin. Le chef de la diplomatie saoudienne, le prince Saoud al-Fayçal a ainsi annoncé ce lundi que \"la nation arabe et islamique, avec les ressources dont elle dispose, n\'hésitera pas à apporter son aide à l\'Egypte\". Concrètement, l\'Arabie saoudite donc, ainsi que les Emirats Arabes Unis continueraient d\'apporter leur soutien au gouvernement de transition. Depuis plusieurs jours, Ryad affiche son soutien au pouvoir, et notamment au général Abdel Fattah Al-Sissi, le nouvel homme fort de l\'Egypte, en qualifiant par exemple certaines exactions attribuées à des partisans de Mohammed Morsi d\'actes de \"terrorisme\". Par ailleurs, le Qatar - ayant lui soutenu financièrement l\'Egypte quand les Frères musulmans étaient au pouvoir - pourrait être moins enclin a participer.  Son ministre des Affaires étrangères, reçu dimanche par son homologue français Laurent Fabius, s\'est borné à affirmer que son pays n\'avait \"jamais aidé une partie égyptienne ou un parti politique égyptien. L\'aide a toujours été fournie à l\'Egypte\". Les Etats-Unis revoient leur aide militaireLes relations diplomatiques se tendent également entre les Etats-Unis et l\'Egypte. Vendredi, la Maison Blanche décidait de suspendre des exercices militaires conjoints. En outre, son plan de soutien à l\'armée du pays - soit 1,3 milliards de dollars - ainsi qu\'une aide économique de 250 millions de dollars sont elles aussi dans la balance. Selon le secrétaire d\'Etat, John Kerry, sur la somme prévue, il reste \"environ 585 millions de dollars qui n\'ont pas été engagés\" dans les transactions déjà en cours. \"Toute notre assistance à l\'Egypte fait actuellement l\'objet d\'un réexamen et nous envisagerons les prochaines étapes quand nous le jugerons nécessaire. Pour l\'instant, aucune décision supplémentaire n\'a été prise concernant l\'assistance (...) un réexamen est en cours\", a indiqué à l\'AFP une porte-parole du département d\'Etat américain. Les médias occidentaux dans le viseur du gouvernement de transitionA noter également: comme lors d\'autres conflits par le passé, la couverture médiatique des événéments, et donc la façon de les qualifier, fait l\'objet d\'une polémique. Le gouvernement de transition égyptien, via son Service d\'information (SIS) a accusé le 17 août dans une lettre certains correspondants étrangers de \"s\'éloigner le l\'objectivité\" et de présenter les événements de manière \"favorable\" pour les Frères Musulmans. Le blog du magazine spécialisé Foreign Policy rappelle que les attaques à l\'encontre de certains de ces correspondants se sont accrus depuis plusieurs jours. Moubarak libéré?Surtout, les violences ne semblent pas prêtes de prendre fin. D\'autres appels à manifester ont été lancés et la possible libération de Hosni Moubarak risque d\'aviver la colère de la rue. Selon l\'avocat de l\'ancien président égyptien, le parquet l\'a blanchi ce lundi des accusations de corruption portée contre lui. D\'autres charges pèsent contre l\'ancien président déchu: il comparaît en appel depuis samedi pour complicité de meurtres d\'opposants lors de la révolution de janvier-février 2011. Une libération anticipée risque de rajouter encore un peu d\'huile sur le feu. -----A lire aussi:Opinion >> \"C\'est l\'autoritarisme qui pose problème, pas l\'islam!\"(Article créé le 19/08/2013 à 16:18, mis à jour à 18:17)
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