Budget : opération déminage au fort de Brégançon

Une forteresse construite sur un piton rocheux à 35 mètres au-dessus de la mer?: voilà un cadre approprié pour le « conseil de guerre » convoqué ce vendredi par Nicolas Sarkozy. Peu avant midi, trois membres du gouvernement franchiront les portes du fort de Brégançon, la résidence officielle de villégiature du président de la République : François Fillon, Christine Lagarde et François Baroin. Avec un objectif : s'accorder sur le message à envoyer aux Français en matière économique et sociale en cette veille de rentrée. Celle-ci va arriver très vite?: le prochain Conseil des ministres aura lieu dès mercredi 25 août. Tandis qu'un vrai test social - la manifestation contre le projet de réforme des retraites - se tiendra le 7 septembre. Toute la question pour l'exécutif est de trouver les moyens de mener une politique économique de rigueur... sans en avoir l'air. De la rigueur en douceur, du moins sans douleur : l'exercice est acrobatique. D'autant que les approches sont différentes au sein de la majorité. Certains - dont le Premier ministre - revendiquent le mot « rigueur » quand l'Élysée y répugne. Le débat sur les prévisions de croissance pour 2011 sera bien sûr au coeur des discussions. Le gouvernement doit-il revoir à la baisse sa prévision de 2,5 % ? Comment interpréter la croissance de + 0,6 % affichée au deuxième trimestre 2010?? Les marges de manoeuvre restent, quoi qu'il en soit, bien étroites. La mise en garde de l'agence de notation Moody's sur le risque encouru par la France de perdre son AAA l'a rappelé cette semaine. La pression s'est encore accrue jeudi sur le gouvernement français, la Bundesbank estimant que l'Allemagne serait capable de réduire son déficit sous la barre des 3 % dès 2012 ! Soit un an avant la France... si celle-ci respecte son objectif : ramener le déficit public à 8 % du PIB en 2010, 6 % en 2011... et 3 % en 2013. Le budget 2011 doit permettre d'y parvenir. Côté dépenses, les annonces ont déjà été faites (lire ci-dessous). Côté recettes, en revanche, la copie du gouvernement est encore très incomplète. François Baroin a annoncé son intention de récupérer au moins 8,5 milliards d'euros en 2011 sur les exonérations fiscales et sociales, dont le coût total est de 115 milliards d'euros. Mais qui viser ? Le choix est difficile à un an et demi de l'élection présidentielle. Pourtant, c'est justement parce que se dessine déjà la campagne électorale de 2012 que les croisés de la rigueur budgétaire estiment que « c'est maintenant ou jamais » qu'il faut trancher dans le vif. Pour Nicolas Sarkozy, le calendrier est serré.
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