Coup de pouce au transport par camions malgré le Grenelle

Une nouvelle entorse au Grenelle de l'environnement ? Le décret autorisant la circulation de camions de 44 tonnes pour transporter des produits agricoles ou agroalimentaires est actuellement soumis à l'étude du Conseil d'Etat. Il devrait être publié dans les prochaines semaines selon le ministère du Développement durable. Cette annonce a ravi la Fédération nationale des syndicats d'exploitants agricoles (FNSEA) qui réclamait depuis longtemps un assouplissement des règles de transport des matières agricoles. La législation interdit en effet aujourd'hui les transports routiers de plus de 40 tonnes. Mais depuis la crise agricole et les manifestations d'agriculteurs qu'elle a suscitées au printemps, le gouvernement a apparement choisi de ne plus privilégier autant qu'auparavant les dossiers écologiques. Ce virage politique s'est concrétisé en mars lors du dernier salon de l'agriculture et peut se résumer par la phrase prononcée sur place par Nicolas Sarkozy : « Toutes ces questions d'environnement, ça commence aussi à bien faire... »Selon les experts, cette augmentation de taille de chargement permet une hausse de la productivité de 9 % à 11 % de la tonne transportée. Les fédérations de transporteurs affirment qu'elle permettra de diminuer d'autant le nombre de camions utilisés et par conséquent de réduire les émissions polluantes liées à ce type d'activité. Ce que réfute Stephen Kerckhove, délégué général d'Agir pour l'environnement. « Autoriser la circulation de 44-tonnes c'est offrir aux transporteurs 10 % de productivité en plus et augmenter dans le même temps le fret routier de 10 à 12 % », proteste-t-il. Les écologistes de France nature environnement (FNE) sont plus nuancés. « L'autorisation de circulation des 44-tonnes reste acceptable pour les productions agricoles pour de courtes distances », admet Michel Dubromel, responsable de FNE. L'arrêté n'autorise en effet les 44-tonnes à circuler que lorsqu'ils charient des produits agricoles et alimentaires entre leur lieu de production et celui de leur première transformation.généralisationVive ou modérée, l'inquiètude des organisations écologistes est toutefois la même : que les restrictions fixées par l'arrété soient vite oubliées avec une généralisation des 44-tonnes à la clef. Elles s'accordent également pour voir dans cette affaire d'arrêté un nouvel accroc aux principes ainsi qu'à l'esprit du Grenelle de l'environnement. « On a fini de croire au Grenelle », lâche, désabusé, Stephen Kerckhove en rappelant que « le Grenelle fixait la part du fret ferroviaire à 25 % pour 2020 et 17 % pour 2012. Aujourd'hui, on est à 12 %, alors qu'en 2006 on était à 14 % ! » « Le Grenelle devait apporter des changements drastiques au système de transport. Aujourd'hui, on entend beaucoup de déclarations au sujet du fret ferroviaire, mais peu de réalisations », estime pour sa part Michel Dubromel.
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