Malgré ses efforts, Areva reste dépendant du Niger

C'est une longue histoire mouvementée qui lie Areva et le Niger. Dans une interdépendance dont les deux parties tentent, sans réel succès, de s'émanciper. Depuis la mise en évidence à la fin des années 1950 par le commissariat à l'énergie atomique d'abondantes ressources en uranium, la Cogema, l'ancêtre d'Areva, y exploite de vastes mines. Devenu en 2009 premier producteur mondial d'uranium avec 8.600 tonnes extraites, Areva continue de se fournir à 40 % au Niger. Et cette place cruciale du pays africain dans l'approvisionnement en combustible des réacteurs français n'est pas près de diminuer. Si les deux mines aujourd'hui exploitées dans la région d'Arlit n'ont plus que dix à vingt ans de production devant elles, Areva investit 1,2 milliard d'euros dans la mine géante d'Imouraren, qui sera la deuxième plus grande du monde (5.000 tonnes par an).Le Kazakhstan, un eldoradoLes tensions avec Niamey, qui tente depuis des années d'obtenir une part plus forte des revenus miniers, sont récurrentes. Les exportations du pays, d'une extrême pauvreté, reposent à 60 % sur l'uranium. En 2007-2008, lors de la renégociation des conventions, le Niger avait accusé Areva de soutenir la rébellion touareg et expulsé son directeur local. Tentant de briser le monopole d'Areva, Niamey a attribué depuis 2006 plus d'une centaine de permis de recherche à des compagnies étrangères, chinoises, canadiennes, indiennes, sud-africaines et anglo-australiennes. Bilan?: Areva a dû, début 2008, revoir à la hausse les conditions financières consenties à l'État nigérien.Parallèlement, le groupe français cherche depuis des années à diversifier ses sources d'approvisionnement. Le Kazakhstan, nouvel eldorado de l'uranium, est devenu son troisième fournisseur, à égalité avec le Canada. La part de ce dernier est appelée à croître lorsque le gisement géant de Cigar Lake, dont Areva détient 37 %, entrera enfin en production. Le démarrage de cette mine, opérée par le canadien Cameco et qui devrait fournir 7.000 tonnes par an, est bloqué depuis mi-2006 par les conséquences de graves inondations. Areva a pris pied cette année dans un quatrième pays, la Namibie. D'une capacité de 3.000 tonnes par an, la mine de Trekkopje tournera à pleine capacité mi-2012. Le groupe mène enfin de nombreux projets d'exploration en Mongolie, Australie, Jordanie... Avec l'objectif de passer à terme de 18 % à 30 % du marché, grâce à une production de 20.000 tonnes. Imouraren pèsera encore 25 % du portefeuille. Marie-Caroline Lopez
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