Les Libéraux anglais à l'épreuve du pouvoir

Au plus bas dans les sondages (15 % contre 25 % en mai), Nick Clegg va tenter ce lundi de remonter le moral de son parti. Le leader des libéraux-démocrates vient à Liverpool pour s'exprimer lors du congrès annuel de son organisation, pour sa première grande déclaration devant les militants depuis qu'il est devenu vice-Premier ministre britannique. Or, il a fortement déçu sa base, qui est traditionnellement à gauche, en acceptant de former une coalition avec les conservateurs en mai. De plus, le plan de rigueur budgétaire drastique qu'il semble avoir accepté avec enthousiasme passe très mal auprès des militants. Sur quatre dossiers en particulier, le bras de fer entre la base et la direction des libéraux-démocrates est dur. ? Coupes budgétairesNick Clegg est désormais co-auteur du plan de rigueur le plus dur qu'ait connu la Grande-Bretagne depuis la Seconde Guerre mondiale, visant à quasiment supprimer le déficit (actuellement de 11 % du PIB) en cinq ans. Pour se justifier, le leader des libéraux-démocrates affirme que sa participation au gouvernement garantit que les coupes seront « justes ». Pourtant, il a dû avaler des couleuvres : pendant la campagne électorale, il jugeait une hausse de la TVA « très fortement régressive », celle-ci augmentera pourtant de 17,5 % à 20 % en 2011 ; il souhaitait que l'impôt sur les plus-values du capital soit augmenté à 40 %, mais la hausse a été limitée à 28 %... « Beaucoup de choses ont changé, avec une tempête financière en Europe », se justifie Nick Clegg. ? Réduction des aides socialesNick Clegg s'est fendu la semaine dernière d'une lettre très dure contre l'efficacité des aides sociales, estimant qu'elles avaient tendance à maintenir les gens dans la pauvreté. « Des coupes dans les allocations sont inévitables. Mais en même temps, nous allons simplifier le système byzantin actuel. » Et il promet de donner « plus de pouvoir » à ceux qui perçoivent des allocations. Derrière cette position se cache une réduction des aides sociales de 13 milliards d'euros, dont les allocations familiales. ? NucléaireTraditionnellement antinucléaires, les libéraux-démocrates s'opposaient à deux choses pendant la campagne électorale : la construction de nouvelles centrales nucléaires et le renouvellement de la dissuasion nucléaire britannique. Ils doivent aujourd'hui accepter les deux. Sur les centrales nucléaires, ils ont simplement obtenu de s'abstenir lors du vote au Parlement, et à imposer que celles-ci ne bénéficient d'aucune aide de l'Etat ; quant au programme de missiles nucléaires Trident, ils pourraient faire repousser son renouvellement (voir ci-dessous). ? ImmigrationLes libéraux-démocrates s'opposaient pendant la campagne électorale au plafond que les conservateurs voulaient imposer à l'immigration non européenne. Face à la limite imposée dès cette année, Vince Cable, le ministre de l'Industrie lib-dem (lui-même un ancien travailliste), n'a pas pu résister : « Cela fait beaucoup de mal à l'industrie britannique », affirmait-il vendredi. En utilisant un argument économique, il était sûr de provoquer une tempête politique.
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