La déprime des militaires britanniques face aux coupes dans leur budget

Décoré de peintures célébrant les victoires britanniques de la Seconde Guerre mondiale et de photos de la famille royale, le Royal Air Force Club est un haut lieu de l'élite militaire britannique. Mais l'ambiance dans ce club de gentlemen anglais, très privé, au coeur de Londres, était morose la semaine dernière. « La seule certitude est que l'armée va rapetisser », lance un haut gradé.Le gouvernement britannique travaille tambour battant à un livre blanc sur la Défense, qui doit donner d'ici à la fin octobre les grandes directions militaires à venir. Ce document fera suite à la publication des orientations budgétaires, le 20 octobre. Cela donne l'impression que ce sont les coupes budgétaires qui détermineront la vision stratégique, et non l'inverse.deux porte-avions menacésOr, les coupes seront sévères : elles doivent être de 10 % à 20 % en valeur réelle sur cinq ans. Plusieurs grands projets sont donc sur la sellette. Du côté du Royal Air Force Club, on prend très au sérieux la possibilité d'annulation de la commande de deux porte-avions passée par le gouvernement précédent. Pourtant, déjà 1,9 milliard d'euros, environ le tiers du coût total, a déjà été dépensé. « Le message semble être passé auprès du gouvernement que nous devons en construire soit deux, soit aucun. Il ne faut pas que nous nous retrouvions dans la situation française, où le ?Charles-de-Gaulle? est condamné à agir seulement en renfort d'une opération internationale », explique un officier.La commande de 138 avions de chasse F35, qui équiperont les porte-avions, pourrait aussi être révisée à la baisse. Une autre commande de 40 avions de chasses Typhoon est aussi dans la balance. Il est aussi sérieusement question de réduire le nombre de soldats, notamment le trop grand nombre d'officiers.Enfin, une question se pose sur le Trident, le système de dissuasion nucléaire britannique, qui doit être renouvelé. Il est désormais question que le feu vert financier du programme de 24 milliards d'euros ne soit donné qu'après les élections de 2015. Ces possibles coupes inquiètent les milieux militaires. Le comité parlementaire sur la Défense a sonné l'alarme la semaine dernière, en rappelant que le budget de la Défense est déjà passé de 5 % du PIB au milieu des années 1980 à 2,7 % actuellement. « La capacité du pays de simplement maintenir [...] les opérations actuelles pourrait être mise en danger par les coupes proposées », écrit le comité. Les officiers du Royal Air Force Club n'ont pas fini de déprimer. E. A., à Londre
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