La protection des consommateurs coûte cher à Bank of America

L'impact est retentissant. Bank of America, le premier établissement américain par les dépôts, a accusé une perte historique de 7,3 milliards de dollars au troisième trimestre. Elle s'explique par une charge exceptionnelle de 10,4 milliards de dollars sur son activité de cartes de crédit. L'an passé, le président Obama a fait voter au Congrès une loi sur la protection des consommateurs. Désormais définitivement mise en place, cette réforme limite les commissions sur les cartes de crédit, afin de protéger les ménages les plus fragiles contre le surendettement en période de crise économique. Cette loi a provoqué l'ire des émetteurs de cartes qui souffrent d'une véritable chute de leurs revenus. Bank of America a évalué qu'elle lui coûterait entre 1,8 et 2,3 milliards de dollars de revenus, soit environ 15 % de ceux de la branche cartes de crédit.Chez son concurrent J.P.Morgan, l'impact s'élève à 750 millions de dollars. Face au recul de son chiffre d'affaires, ce métier voit mécaniquement sa valeur baisser, obligeant Bank of America à la déprécier à travers cette charge. Si elle reste exceptionnelle, cette perte demeure toutefois la plus lourde de l'histoire de la banque. Fin 2008, Merrill Lynch avait subi une perte colossale de 15 milliards de dollars mais qui n'était pas encore inscrite dans les comptes de Bank of America. Toutefois, la banque insiste sur le fait que ce « trou » ne nécessite pas de recapitalisation, tout comme les nouvelles normes réglementaires. Signes de reprisePour autant, aussi noir soit-il, ce trimestre ne reflète pas totalement l'activité du groupe; au contraire. Sans cette lourde dépréciation, le bénéfice se serait élevé à 3,1 milliards de dollars. De son côté, le métier des cartes de crédit se redresse comme en témoigne le recul de moitié des provisions à 3,1 milliards de dollars sur un an et même de 18 % par rapport au deuxième trimestre. Cette tendance illustre l'amélioration de l'économie et les signes de reprise.Dans l'autre grande division du groupe, la banque d'investissement héritée du rachat de Merrill Lynch, les résultats résistent. Les revenus reculent de « seulement » 6,5 % alors que l'ensemble du secteur voit les siens baisser d'environ 30 %. Seule une augmentation des impôts et taxes entraîne une chute des bénéfices de la banque d'investissement de 30 %; à l'instar de ses pairs.Cela a notamment été le cas de Goldman Sachs. La plus grande banque d'affaires de Wall Street n'a pas dérogé à la règle en affichant une chute de 43 % de ses bénéfices à 1,7 milliard de dollars au troisième trimestre. Les activités de marché de taux et crédit (fixed income) ont continué à reculer de 37 % sur un an et de 14 % par rapport au deuxième trimestre. Le trading sur actions a aussi subi une baisse de ses revenus d'un tiers par rapport à 2009 qui n'était déjà pas une année faste. « Les conditions économiques continuent à être difficiles dans plusieurs marchés importants », a résumé le PDG de Goldman Sachs, Lloyd Blankfein. Seul point satisfaisant, la banque d'affaires, qui regroupe les activités de conseil en fusions-acquisitions et d'émissions d'actions, reprend nettement. Les revenus ont progressé de 24 % à 1,11 milliard de dollars sur un an. Ceux du conseil ont bondi de 53 %, illustrant le rebond sensible de opérations de fusions-acquisitions aux États-Unis. Mais elles n'ont pas compensé pour autant la chute du trading qui pèse encore pour 70 % des revenus de la banque. Matthieu Pechberty
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