Sarkozy hausse le ton face à l'agitation sociale

La guerre des mots - et des chiffres - a repris de plus belle, ce mardi, entre l'exécutif et les organisations syndicales à l'occasion de la sixième journée de mobilisation contre la réforme des retraites depuis la rentrée. Le nombre de manifestants a, une nouvelle fois, fait l'objet d'une communication soigneusement pesée de part et d'autre : 3,5 millions selon la CGT et la CFDT, soit autant que lors de la précédente mobilisation en semaine, le 12 octobre, mais 1,1 million selon le ministère de l'Intérieur, en baisse par rapport au décompte de la semaine dernière (1,23 million). Surtout, chacun a appelé l'autre à la responsabilité sur fond de heurts violents entre policiers et manifestants, notamment à Lyon, et de blocage persistant des raffineries de pétrole. De Deauville où s'achevait le sommet avec la Russie et l'Allemagne, le chef de l'État a lancé : « J'en appelle à la responsabilité de tous les acteurs pour que les choses ne franchissent pas certaines limites ». « Soyez raisonnable, acceptez les discussions avec les syndicats, ne vous enfermez pas dans ce choix unilatéral », lui a rétorqué Bernard Thibault, le leader de la CGT.Mais du côté des syndicats, les esprits étaient déjà tournés vers la suite. Avec l'envie de capitaliser sur le succès du jour mais sans rompre l'unité de l'intersyndicale. L'exercice s'annonce délicat. Dès mardi, au départ de la manifestation parisienne, Bernard Thibault et Bernadette Groison, la secrétaire générale de la FSU, plaidaient pour une nouvelle journée de mobilisation même après le vote du Sénat qui devrait intervenir avant la fin de la semaine (lire ci-contre). Solidaires, qui réclame « l'élargissement » du mouvement, est sur la même ligne.Réticentes à l'origine, la CFDT et l'Unsa pourraient se rallier à une nouvelle journée de mobilisation si elle intervient avant la commission mixte paritaire réunissant députés et sénateurs pour voter une ultime version du texte. Seule la CFE-CGC a déjà indiqué, par la voix de son président, Bernard Van Craeynest, qu'il faudrait « sans doute une pause » face aux « dérapages » et aux « débordements ».Malgré cette défection, l'intersyndicale qui se réunit jeudi pourrait décider d'un nouvel appel à manifester en début de semaine prochaine, probablement mardi. Reste à savoir si cette perspective suffira à satisfaire la base la plus remuante de la CGT, parfois engagée dans des conflits durs sur le terrain. Pour s'en assurer, Bernard Thibault et sa direction confédérale prendront le pouls de leurs fédérations et organisations locales tout au long de ce mercredi.Mais déjà, dans certaines villes comme à Toulouse, un nouvel appel à manifester a été lancé pour jeudi. Histoire de profiter d'un ultime créneau avant le vote du texte au Sénat et le début des vacances scolaires samedi 23 octobre qui risque fort de conduire à une baisse de la mobilisation chez les lycéens, mais aussi parmi les salariés.
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