L'opposition irlandaise veut renégocier le plan d'aide

L'Irlande non seulement affronte une crise économique, mais aussi une situation politique qui risque de fragiliser davantage un pays, dont la note souveraine a été dégradée la semaine dernière ? de cinq crans ! ? par l'agence Moody's. Le Premier ministre, Brian Cowen, est en effet bien parti pour subir une défaite historique lors des élections qui se tiendront au début de l'année prochaine, probablement en mars. Or cela pourrait remettre en cause l'application du plan de secours de Bruxelles et du Fonds monétaire international (FMI), voté officiellement par le Parlement irlandais mercredi, l'opposition faisant actuellement campagne en faveur d'une renégociation des conditions qui y sont attachées. Le Fine Gael et les travaillistes, les deux partis favoris pour constituer une coalition après les élections, critiquent en particulier le taux d'intérêt que l'Irlande doit payer : 5,8 % en moyenne. Un taux qui était accessible à l'Irlande sur les marchés obligataires voilà seulement quelques mois. « Les négociations du gouvernement [avec le FMI et l'Union européenne] ont mené à un très mauvais accord, tonne Michael Noonan, du parti Fine Gael. Celui-ci doit être renégocié et le Fine Gael va demander un mandat électoral pour cela. »Tout indique qu'il l'obtiendra. Le Fianna Fáil, le parti de Brian Cowen, a chuté à son plus bas niveau historique dans les sondages, avec seulement 17 % de soutien (le taux de satisfaction pour le gouvernement est de 8 %). Le Fianna Fáil, qui a été au pouvoir de façon quasi continue depuis l'indépendance en 1922, se dirige tout droit vers l'opposition. Face à lui, le Fine Gael a 30 % de soutien et le Labour 25 %. Les travaillistes tiennent le même discours que le Fine Gael. « Il n'est pas acceptable que la Commission européenne traite l'Irlande simplement comme un risque de contagion, qu'il faut canaliser quel qu'en soit le coût pour le peuple irlandais », lance Eamon Gilmore, son leader. Une renégociation impossibleLe gouvernement irlandais réplique qu'une renégociation n'est simplement pas possible. « La suggestion que l'opposition pourrait négocier un meilleur taux d'intérêt du FMI est franchement risible, estime Brian Lenihan, le ministre de l'Economie. La seule renégociation possible porte sur les conditions liées au plan de secours, pas sur les taux d'intérêt. »Or, aucun des deux partis d'opposition ne parle de remettre vraiment en cause le plan d'économies budgétaires. Les renégociations porteront donc probablement plus sur des points de détail. A moins que, sous la pression de la campagne électorale, l'opposition ne promette des changements très difficiles à tenir... Eric Albert, à Londres
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