Apple se retrouve malgré lui au coeur d'une affaire de délit d'initiés

« J'espère que vous n'enregistrez pas tous ces appels, cela serait vraiment très mauvais. » Malheureusement pour Walter Shimoon - un haut dirigeant du groupe singapourien Flextronics, l'un des principaux fournisseurs d'Apple -, ces conversations ont bien été enregistrées... par le FBI, qui a procédé mercredi à son arrestation, dans le cadre d'une vaste enquête sur des délits d'initiés. La police fédérale lui reproche notamment d'avoir divulgué « des informations hautement confidentielles sur les prévisions de ventes et les nouvelles fonctionnalités du futur iPhone », pour lequel son ancienne société produit caméras et chargeurs.Les écoutes téléphoniques, rapportées dans l'acte d'accusation, sont accablantes. Le 1er octobre 2009, il confie à un interlocuteur qui le questionne sur l'iPhone 4 : « Chez Apple, vous savez, ils sont très secrets. Donc, je n'ai pas de date exacte mais je pense que nous allons commencer à produire les caméras en mars. Il faudra un ou deux mois. Donc ils feront probablement un gros lancement en mai. Le téléphone va avoir un objectif de cinq mégapixels et une caméra frontale qui permettra de faire de la visioconférence. » Un peu plus tard dans la conversation, il évoque « un projet très secret qu'ils appellent K48 en interne ». « C'est une nouvelle catégorie. J'ai appris qu'il n'y aura pas de caméra donc je pense que c'est probablement un reader, quelque chose comme cela. » Trois mois plus tard, Apple dévoile ce produit révolutionnaire, l'iPad. Trois autres anciens salariés de groupes high -tech sont également concernés par cette affaire. Deux ont été interpellés mercredi, l'un travaillait chez AMD, l'autre chez Taiwan Semiconductor. Le troisième, ancien employé chez Dell, a déjà plaidé coupable et est passé aux aveux. Il a reconnu avoir fourni à un investisseur, dont l'identité n'a pas été révélée, des chiffres de ventes et des objectifs financiers du deuxième fabricant américain d'ordinateurs. Les deux hommes avaient été mis en relation par un cadre ? lui aussi interpellé mercredi - de Primary Global Research, un des nombreux réseaux d'experts dans le collimateur des autorités américaines. Ces firmes se sont spécialisées dans la collecte d'informations, parfois confidentielles, qu'elles transmettent ensuite à leur clients, principalement des hedge funds. Un coup de téléphone se monnaie plusieurs centaines de dollars. Leur usage s'étant répandu à Wall Street, l'enquête n'en est qu'à ses débuts. Et d'autres révélations pourraient mettre au jour l'ampleur de ces pratiques. Jérôme Marin, à New York
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