Grand emprunt  : Bercy limite l'impact sur le déficit public

C'est de la comptabilité, pas de la poésie », commentait mercredi Éric Woerth en présentant la version rectifiée du projet de budget pour 2010. De fait, l'exercice auquel se sont livrés le ministre du Budget et la ministre de l'Économie, Christine Lagarde, n'avait rien de littéraire. Le collectif budgétaire détaillé par les deux ministres comporte « trois points forts », selon Éric Woerth. D'abord, l'orchestration budgétaire de l'emprunt national de 35 milliards d'euros avec son financement, sa gouvernance et son impact sur l'activité et les finances publiques.Ensuite, avec ce texte, le gouvernement procède à une remise à niveau de ses hypothèses macroéconomiques afin de tenir compte de l'évolution de la conjoncture. Le gouvernement améliore en particulier ses anticipations sur le marché du travail en 2010. Les destructions nettes d'emplois pourraient ne pas dépasser 120.000 s'agissant de l'emploi salarié au lieu de 190.000 dans les précédentes prévisions.Enfin, le projet de loi de finances rectificative comprend la taxe sur les bonus des traders (voir pages 11 et 24).Sur la mise en musique de l'emprunt, Éric Woerth a indiqué que celui-ci n'aurait qu'un impact limité de 2 à 2,5 milliards d'euros sur le déficit public (soit 0,1 point de PIB) et ce pour deux raisons. D'une part, entre 63 % et 71 % des fonds ne sont pas assimilables à du déficit au sens maastrichtien, car ils ont des actifs pour contrepartie. Quant aux subventions du grand emprunt, elles ne seront pas toutes décaissées immédiatement. Résultat, malgré une augmentation de l'endettement à 83,2 % du PIB, le gouvernement peut afficher pour cette année un déficit public de 8,2 % du PIB après 7,9 % en 2009. Reste maintenant à convaincre Bruxelles de la validité de ces jeux comptables. Pour l'opposition, Didier Migaud (PS) dénonce les « faux-semblants » de ce collectif.Effet bénéfiqueLe revers de la médaille c'est que, malgré une révision de la prévision de croissance à 1,4 % qui s'accompagne d'un relèvement des recettes (+ 3,1 milliards), le déficit budgétaire s'envole, lui, vers de nouveaux sommets à 149,2 milliards d'euros. En effet, l'État doit ouvrir les crédits prévus pour financer les priorités du grand emprunt. Concernant ce dernier, les services de Bercy ont calculé que les dépenses qu'il allait financer (enseignement supérieur et formation, recherche, filières industrielles, développement durable, numérique) auraient un effet bénéfique sur la croissance de 0,3 % de PIB par an, sur la décennie correspondant aux investissements d'avenir. Bercy considère aussi que cet emprunt s'autofinancera à horizon d'environ 11 ans.En attendant, l'heure est aux économies supplémentaires dans les ministères : 500 millions d'euros de crédits seront annulés afin de compenser la charge d'intérêt de l'emprunt (22 milliards en complément du remboursement de 13 milliards d'euros par les banques). « Cela ne se fait pas sans remous, a admis Éric Woerth, mais il va falloir s'y habituer si on veut diminuer par deux l'évolution de la dépense publique. » De quoi souffrir du « spleen de Paris » vanté par Baudelaire. Et faire rimer budget avec? poésie.
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.