La saga du Boeing 787 : un chemin laborieux pour certifier l'avion (7/7)

Mi-décembre 2009. Avec près d\'un an et demi de retard, le B787 Dreamliner effectue enfin à Seattle son premier vol d\'essai. Boeing vise une certification obtenue entre neuf et douze mois afin de livrer le premier exemplaire à All Nippon Airways au cours du dernier trimestre 2010. L\'avionneur a prévu de mettre en ligne 6 avions pour les tests. La durée courte de la certification du Dreamliner repose sur une part non négligeable de certification virtuelle. «Boeing avait modélisé certains comportements de l\'avion qui, dans les faits, ont différé par rapport à ce qui était prévu\", expliquait alors un expert.Problème du motoristeMais fin août 2010, nouveau coup dur. A un mois de la première livraison tant attendue, Boeing la reporte au milieu du premier trimestre 2011. En cause cette fois-ci, le motoriste britannique Rolls Royce en difficulté sur les moteurs Trent 1000. Quatre semaines plus tôt, un réacteur a explosé sur le site de tests de Derby en Angleterre, contraignant le motoriste à fermer temporairement ses installations.Et ce n’est pas fini. Mi-novembre, alors qu’Airbus est victime d’un grave incident sur l’A380 (un moteur a explosé sur un appareil de Qantas), Boeing suspend sa campagne d\'essais en vol en raison d\'un incendie d\'origine électrique survenu à bord d’un appareil en phase d\'atterrissage à Loredo (Texas). Une fois sur le tarmac, l\'équipage a dû procéder à une évacuation d\'urgence des 42 ingénieurs et techniciens présents à bord. En juin, les vols avaient déjà été suspendus quelques jours à la suite de problèmes constatés sur le stabilisateur horizontal de la queue de l\'avion, fabriqué par l\'italien Alenia.Incendie à bord, les essais en vol sont suspendusL’incendie a été provoqué par un corps étranger oublié dans une armoire électrique (un outil probablement) dans laquelle se trouvaient des logiciels, des composants....Ce qui a provoqué un court-circuit. Pour autant, cela n\'aurait pas dû entraîner de telles conséquences. Car c\'est tout le système de distribution d\'énergie, un point crucial de l\'avion, qui est mis en cause. Par sécurité, tout est redondant dans un avion. Or, la panne qui a eu lieu dans la première armoire électrique s\'est propagée à la seconde, et l\'appareil a dû utiliser la gestion électrique de secours pour se poser. Boeing devra ensuite apporter les modifications sur de nombreux appareils qui étaient déjà en finalisation de production.Enfin la certification et la première livraisonLe 28 août 2011, ça y est. Le B787 Dreamliner reçoit enfin  la certification des autorités aériennes américaine et européenne. Son premier client, le japonais ANA, qui avait passé commande en avril 2004, recevra son premier exemplaire le 25 septembre avec près de 3 ans et demi de retard! Le premier vo commercial est assuré le 1er novembre. Moins d\'une semaine après, le B787 rencontre un problème de train d\'atterrissage. En raison d\'une alarme spécifiant un problème sur une valve hydraulique, le pilote a été obligé de se poser en utilisant la fonction manuelle lors de son atterrissage à Okayama. Des livraisons au compte-goutteAutre difficulté pour All Nippon Airways, la compagnie japonaise reçoit ses premiers exemplaires au compte-goutte,  au point de devoir décaler la mise en service de l’avion sur les lignes internationales. En janvier 2011, la direction de la compagnie regrettait devant quelques journalistes français de ne pas avoir de calendrier concernant les livraisons. Autre coup dur, à l\'automne, le PDG de Qatar Airways, Akbar Al Baker  a exigé une modificaion des moteurs GEnX de General Electric, après les incidents rencontrés sur des B747-8, le deuxième avion en plus des B787 équipé des moteurs GEnX. Une sortie médiatisée toujours pénalisante en termes d\'image alors que le Dreamliner tentait de redorer son blason à travers une campagne de présentation sur les cinq continents depuis le début de l\'année.Pépins techniquesD\'autres incidents techniques ont été recensés en fin d\'année, bien avant la série noire observés ces quinze derniers jours. Début décembre, un B787 de United a dû effectuer un atterrissage d\'urgence en raison de plusieurs incidents électriques. Quelques jours après, le 9 décembre le 787 de Qatar Airways subit des pannes le jour de sa livraison. Rien d\'anormal néanmoins pour la communauté aéronautique. Les incidents accompagnent le plus souvent la mise en service des nouveaux appareils. Il n\'empêche, à la suite d\'incidents impliquant des batteries électriques, l\'autorité de l\'aviation civile américaine (la FAA) a ordonné la suspension des vols de tous les B787. Une première concernant tous les avions d\'un même modèle depuis 34 ans et la suspension de tous les DC-10 après un crash à Chicago en 1979.Aujourd’hui Boeing a livré une cinquantaine d’exemplaires à huit clients. ANA, JAL, Air India, Lan Chile, United, Ethiopian Airlines, LOT, et Qatar Airways. Lire les six chapitres précédents de la saga du B787La saga du Boeing 787 : un lancement dans la douleur (1/7)La saga du Boeing 787 : pourquoi cet avion est révolutionnaire (2/7)La saga du Boeing 787 : une stratégie opposée à celle d’Airbus (3/7)La saga du Boeing 787 : les atermoiements d’Airbus (4/7)La saga du Boeing 787 : un nouveau modèle industriel risqué (5/7)La saga du Boeing 787 : les déboires industriels (6/7) 
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