Anticonstitutionnellement

Dans le feu de l'action, inscrire dans la Constitution un objectif de réduction des déficits publics sera peut-être salué comme une bonne idée. À y regarder de près, une masse de problèmes apparaissent. Le premier est que la Constitution n'est pas faite pour ça. Elle sert à organiser les pouvoirs publics et à protéger les droits fondamentaux des citoyens. À moins de considérer qu'accroître la dette porte atteinte aux droits fondamentaux des générations à venir (au demeurant, ça se défend), on ne voit pas très bien la nécessité de constitutionnaliser ce qui est une simple politique publique. Deuxième problème : l'aveu de faiblesse politique. Les gouvernements auraient besoin d'une gangue constitutionnelle pour résister aux groupes de pression et à leurs propres dérives. Troisième problème : la faisabilité. Où serait la majorité de trois cinquièmes des deux Chambres pour inscrire cet engagement dans la Constitution ? Les partisans de la relance, comme on disait autrefois, dominent à gauche et existent à droite. En France, les économistes mettent toujours en avant la demande intérieure, et les hommes politiques le pouvoir d'achat, au détriment de la compétitivité extérieure. Par ailleurs, l'intervention publique a plutôt bonne presse. Dans cette conception largement répandue, s'imposer le déficit zéro, c'est châtrer l'État. Sachant tout cela, et pourquoi Nicolas Sarkozy serait-il le seul à ne pas le savoir, pourquoi fait-il cette proposition ? D'abord pour rassurer les Allemands et faciliter le vote vendredi au Bundestag de l'énorme paquet de 750 milliards décidé pour contrer la spéculation sur l'euro. Angela Merkel, de son côté, a multiplié les initiatives politiques pour montrer sa détermination à briser les attaques contre la monnaie et les banques allemandes. Ensuite, ce qui serait inscrit dans la Constitution française serait singulièrement plus vague que la version allemande interdisant les déficits structurels à partir de 2016. Au début de chaque législature, les gouvernements s'engageraient sur des objectifs de réduction. Ah, bon, on a eu peur ! [email protected] Gherard
Commentaire 0

Votre email ne sera pas affiché publiquement.
Tous les champs sont obligatoires.

Il n'y a actuellement aucun commentaire concernant cet article.
Soyez le premier à donner votre avis !

-

Merci pour votre commentaire. Il sera visible prochainement sous réserve de validation.