Dominique de Villepin, insoumis face à Nicolas Sarkozy

Il n'a pas prononcé son nom. Pas une fois en plus d'une heure de discours. S'il suffisait d'un signe pour témoigner de l'inimitié entre Nicolas Sarkozy et Dominique de Villepin, celui-ci serait suffisant. Mais il y en a eu d'autres, comme ces huées lorsque les images du procès Clearstream ont défilé sur les écrans de la Halle Freyssinet, dans le 13e arrondissement de Paris, où Dominique de Villepin a baptisé samedi son mouvement politique « République solidaire ». Devant un peu plus de 3.000 de ses partisans, l'ancien Premier ministre en a appelé aux « irréductibles » et aux « insoumis », avant d'afficher son ambition de constituer une « alternative » au chef de l'Etat lors de l'élection présidentielle de 2012. Pour cet appel au sursaut, 70 ans et un jour après l'entrée en résistance du général de Gaulle, Dominique de Villepin s'est livré à un réquisitoire implacable contre la France de Nicolas Sarkozy, qui à ses yeux « n'est pas la France » et vit « un nouvel Ancien Régime » où pullulent les « Bastille à renverser ». Politique étrangère, sécurité, banlieue, chômage, inégalités, ouverture, rien n'a été laissé de côté. Avec ce constat : « Le rendez-vous présidentiel de 2007 a été une occasion perdue de dénouer le drame des divisions françaises. Au lieu d'être ressoudée, la France est plus divisée que jamais. » Un discours de campagneS'il n'a évidemment pas précisé s'il serait candidat à l'élection présidentielle, Dominique de Villepin a prononcé un véritable discours de campagne en donnant les grandes lignes d'une « politique qui redresse » la France pour les « dix ans à venir ». Sur le plan économique, l'ancien Premier ministre propose notamment la création d'une tranche marginale d'imposition sur le revenu en contrepartie de la suppression de l'ISF. Pour relancer la croissance, il souhaite la suppression des 35 heures. Concernant la réforme des retraites, Dominique de Villepin est favorable à l'augmentation de la durée de cotisation, mais pas à la hausse de l'âge légal. Il estime qu'en l'état actuel du projet gouvernemental, une nouvelle réforme sera nécessaire en 2020. Et de proposer d'« avancer vers un régime unique pour tous les Français, y compris les fonctionnaires, un régime par points où chacun pourra se constituer ses droits à la retraite et avoir accès à une retraite à la carte ». Il lui faut désormais faire vivre son mouvement, auquel devraient tout naturellement adhérer les quelque 15.000 membres des clubs Villepin. L'ancien Premier ministre va reprendre ses déplacements en France. Il affiche sa sérénité face à la « fébrilit頻 de Nicolas Sarkozy, qui a convoqué certains de ses proches à l'Elysée pour tenter de les dissuader de se lancer dans ce qui est perçu comme une dissidence de l'UMP. « A 56 ans, je ne m'engage pas par ambition, encore moins par opposition à qui que ce soit. J'ai écarté toute rancune. Je ne m'engage que parce que je pense que les Français ont besoin d'une autre voix », a répondu Dominique de Villepin. « Je suis issu de la majorité. Mais, comme une majorité de Français, je ne me reconnais pas dans les décisions prises aujourd'hui par le gouvernement ».
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