L'exécutif se donne jusqu'à l'automne pour améliorer sa réforme des retraites

En matière de réforme sociale, le tempo est souvent aussi important que le fond. Dans le dossier des retraites, l'exécutif l'a bien compris. Après avoir accéléré le calendrier la semaine dernière en donnant deux jours aux partenaires sociaux pour réagir à son projet de réforme dévoilé mercredi, le gouvernement préfère désormais temporiser. A l'issue d'une rencontre à l'Elysée vendredi soir, le chef de l'Etat s'est, en effet, dit prêt à des « évolutions » jusqu'en septembre. « Le président de la République a demandé à Eric Woerth de lui proposer, au plus tard avant le début du débat parlementaire en septembre, les évolutions qui pourraient être envisagées », précise le communiqué de l'Elysée. Pas question pour autant de toucher aux grandes lignes du projet, et notamment au recul de l'âge légal de départ de 60 à 62 ans d'ici à 2018. Les devoirs de vacances d'Eric Woerth sont, en effet, circonscrits à trois dossiers. Le premier concerne la pénibilité, après la réaction virulente des syndicats face à la solution retenue par le gouvernement (un départ anticipé possible uniquement pour les salariés s'étant vus reconnaître une incapacité permanente de 20 %). Eric Woerth se penchera aussi sur les « carrières longues » et sur la situation des polypensionnés, ces retraités qui dépendent de plusieurs régimes de retraite et qui sont pénalisés par le mode de calcul du montant de leur pension. Absents du projet initial, ces « polypensionnés » constituent l'une des revendications phares de la CFDT. DécoteMais les syndicats ne devraient pas se satisfaire de ces trois points. D'abord parce que, dimanche dans le « JDD » comme sur Europe 1, le ministre du Travail a défendu la proposition gouvernementale sur la pénibilité comme une « avancée majeure », même s'il s'est dit « prêt à une réflexion pour le futur » sur la prise en compte d'autres risques. Ensuite, parce que l'avant-projet de loi envoyé vendredi aux partenaires sociaux semble plus restrictif qu'annoncé. La CFDT estime qu'en vertu de ce texte, les femmes fonctionnaires mères de trois enfants, qui pourraient encore bénéficier d'un départ anticipé après quinze ans de service, se verront appliquer une décote. En renvoyant les ultimes arbitrages à la rentrée, l'exécutif se donne le temps de sentir l'évolution du climat social. La manifestation de ce jeudi sera un premier test, la capacité des syndicats à relancer la mobilisation à l'automne un second. Si la tension monte, des amendements à l'avant-projet de loi seraient soumis aux parlementaires. Et les projets de loi de finances et de financement de la Sécurité sociale pourraient, ensuite, servir d'ultimes fenêtres d'ajustement. A. L.
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