Le Premier ministre japonais s'engage à doubler la croissance d'ici à 2020

Le nouveau Premier ministre du Japon a proposé au pays une ambitieuse feuille de route vendredi. Naoto Kan a rendu public un véritable programme électoral (des élections sénatoriales partielles cruciales pour la majorité ont lieu le 11 juillet) destiné simultanément à faire redémarrer l'économie de l'archipel et restaurer les finances publiques. Sur le premier volet, Naoto Kan propose le soutien de l'État pour sept secteurs stratégiques (santé, environnement, tourisme...). Objectif : 3 % de croissance (taux nominal) d'ici 2020. Cadeau au patronat : il s'engage à ramener progressivement l'impôt sur les sociétés de 40 % à 25 %. Le niveau de ce prélèvement, le plus élevé de l'OCDE, est régulièrement dénoncé par le patronat, qui y voit un facteur d'expatriation et de chute de compétitivité. « Je ne crois pas qu'il faille l'abaisser, estime Akio Yoshino, économiste en chef chez Société Généralecute; Générale Asset Management. Les entreprises bénéficient d'un taux d'imposition sur les bénéfices de leurs filiales à l'étranger très faible, à 5 %. Celles qui voulaient délocaliser l'ont déjà fait. Le ministère des Finances a besoin de recettes fiscales, et cette nouvelle baisse est un cadeau bien coûteux. » Selon une autre économiste, Chie Umezaki, de l'institut Dai-Ichi Life, une baisse de 10 % de l'impôt sur les sociétés coûterait 1.000 milliards de yens (8,9 milliards d'euros) à l'État. TVA : tabou politiqueLa mesure centrale destinée à restaurer les finances publiques est le relèvement du taux de la TVA. Aujourd'hui à 5 %, soit le plus bas niveau de l'OCDE, il pourrait rapidement doubler. La TVA est un tabou politique au Japon. Les gouvernements qui l'ont augmentée ont tous été sévèrement sanctionnés postérieurement dans les urnes. Mais Naoto Kan estime qu'il n'a pas le choix : traumatisé par l'effondrement de la Grèce, Le Premier ministre veut reconstituer les finances publiques à tout prix, et voit dans la TVA le moyen le plus rapide et efficace pour y parvenir. Arrivé aux affaires il y a deux semaines, il jouit encore d'une grande popularité qui lui permettra peut-être d'emporter l'électorat sur cette question. Il existe du reste un consensus dans la majorité comme dans l'opposition pour relever la TVA aujourd'hui, repris par les médias. La dette publique est un problème qu'il est urgent de résoudre pour le Japon. Plus de la moitié des recettes fiscales du pays en 2010 proviendra de l'emprunt. Régis Arnaud, à Tokyo
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