Le leadership français de plus en plus contesté

L'agriculture française est en perte de vitesse. Elle a même abandonné sa place de premier exportateur européen au profit... de l'Allemagne ! Et la division par deux en dix ans de son excédent commercial vis-à-vis de l'Union Européenne est une preuve supplémentaire de sa perte de compétitivité. De fait, comme le souligne une récente étude détaillée, menée par les chambres d'agriculture, sur les charges de production des exploitations en Europe, filière par filière, les avantages comparatifs de l'agriculture françaises s'érodent, notamment face à l'Allemagne, l'Espagne et l'Italie. « Les Allemands ont ainsi appliqué à l'agriculture les recettes de désinflation compétitive de l'industrie, quitte à sacrifier leur marché intérieur au profit des exportations », note Thierry Pouch, économiste à l'Assemblée permanente des chambres d'agriculture (Apca). La France maintient toutefois son leadership en Europe sur les céréales où ses charges à l'hectare demeurent les plus faibles en Europe (Espagne exceptée, comme pour toutes les filières). Cependant, note l'étude, la productivité des engrais et des phytosanitaires (25 % des charges totales) est moindre en France qu'en Allemagne en raison d'un plafonnement des rendements. Dans l'arboriculture, l'Espagne reste, sans surprise, le champion européen, avec un ratio charge à l'hectare quatre fois moins élevé qu'en France (où les charges salariales pèsent un tiers des coûts de production). Performances plombéesDans les productions laitières, la France se maintient mais l'Allemagne et les Pays-Bas gagnent du terrain compte tenu d'une faible productivité. De même, la place de la France dans la viande bovine (25 % de la production communautaire) se réduit, avec des performances plombées par une faible productivité des services et des amortissements. Enfin, les positions de la France sur les porcs et volailles ne progressent plus, malgré une bonne productivité des exploitations. « Le déclin est manifeste sur les marchés intracommunautaires. En revanche, la France se défend nettement mieux sur les marchés extracommunautaires. C'est sans doute là que se trouvent l'une des pistes d'avenir, la conquête de nouveaux marchés dans les pays émergents », résume Thierry Pouch. Éric Benhamou
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