Le modèle allemand reprend de la vitesse

En 2010, l'Allemagne sera sans doute un ton au-dessus de ses partenaires européens en termes de croissance. Les clignotants conjoncturels sont en vert outre-Rhin où l'enthousiasme est désormais de mise. La croissance du deuxième trimestre devrait montrer une très grande vigueur. Selon le magazine « Der Spiegel », le gouvernement tablerait sur une hausse du PIB de 1,5 % entre mars et juin, après une stagnation au premier trimestre. Du coup, la prévision officielle d'une croissance de 1,4 % sur 2010 deviendrait caduque. D'ores et déjà, la majorité des banques et des instituts économiques parient sur une croissance annuelle autour de 2 % cette année. Bref, alors qu'en France, la Banque de France et le FMI révisent à la baisse les prévisions de croissance, l'Allemagne prendrait le chemin inverse. Le poumon de cette reprise plus vigoureuse que prévu, est évidemment alimenté par les exportations. En mai 2010, le niveau des ventes de produits allemands à l'étranger était de 29,2 % en données corrigées supérieur à celui de mai 2009. « Les exportations ont repris leur fonction de moteur de l'économie allemande », a résumé le président de l'union du Commerce extérieur allemand, Anton Börner. La crise a freiné les commandes des biens d'équipement allemands, mais il n'a guère affaibli leur attrait. Du coup, une fois l'orage conjoncturel passé, les commandes industrielles ont ainsi retrouvé en mai leurs niveaux de septembre 2008. Bref, en préservant sa compétitivité, notamment par la modération salariale, mais aussi par le maintien de la force de travail grâce au chômage technique, l'industrie allemande a pu répondre rapidement à la reprise mondiale. Triomphe allemandUn triomphe pour le modèle allemand de croissance et un soufflet pour Christine Lagarde, qui avait critiqué celui-ci au printemps ? Sans doute, mais il ne faut pas oublier que ce modèle a également conduit à une baisse du PIB de 5 % en Allemagne l'an dernier, quand la France affichait un recul de seulement 2,2 %. A ce moment, l'Allemagne a profité de la relative résistance française, alors que les commandes chinoises s'arrêtaient net. La part de la France dans le Commerce extérieur allemand a ainsi progressé l'an dernier. Par ailleurs, la demande intérieure allemande reste en berne. Le niveau des ventes de détail en mai était ainsi inférieur de 10 % à celui d'il y a un an. La très bonne résistance du chômage, acquise grâce au soutien au travail partiel et à la flexibilisation du marché du travail n'a donc pas plus d'impact sur la clientèle allemande que la bonne conjoncture. Au contraire, la crise grecque, la baisse de l'euro et la nécessité de réduire les dépenses publiques ont incité les consommateurs allemands à la prudence. Bref, encore une fois, l'économie allemande marche sur un pied, puissant certes, mais sur lequel le gouvernement fédéral n'a que peu de maîtrise. Si la conjoncture rechute, la croissance allemande suivra sans que Berlin ne puisse réellement agir. Ses plans de relance de 120 milliards d'euros n'ont ainsi guère eu d'impact sur la croissance en 2009 et 2010. R. G.
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