« L'Afghanistan est dans une impasse »

Les bailleurs de fonds ont décidé à Kaboul que la moitié de l'aide à l'Afghanistan devra passer par l'État d'ici deux ans. Qu'en pensez-vous ? C'est un objectif louable. Mais il illustre les ratés de la reconstruction en Afghanistan qui est devenue l'exemple de ce qu'il ne faut pas faire. Voilà huit ans que les bailleurs montent des projets en tenant les autorités afghanes soigneusement à l'écart. Seulement 20% de l'aide transite par l'Etat. Cela s'explique certes par la faiblesse de l'administration afghane et la crainte de voir l'aide détournée. Mais le résultat est calamiteux. La situation est aussi chaotique aujourd'hui qu'il y a huit ans. Que pouvait faire la communauté internationale face à la corruption ? Il aurait fallu mettre le pays sous tutelle. Les britanniques avaient proposé de créer un poste de super gouverneur mais le président Ahmid Karzaï n'en a pas voulu. La reconstruction en Afghanistan est un échec dans lequel la communauté internationale porte une lourde part de responsabilité. Où s'est-elle trompée ? Il fallait aider l'Afghanistan à reconstruire les ministères régaliens. Surtout, il fallait aider ce pays à se doter de réelles forces de l'ordre, la sécurité étant le premier bien public de ce pays. Or celui-ci est retombé sous la coupe de chefs de guerre ou de mafieux si bien que les Talibans sont plutôt bien accueillis. Les populations rurales préfèrent l'ordre taliban à pas d'ordre du tout. Le soutien de la communauté internationale au projet d'Hamid Karzaï d'assurer avec ses propres forces la sécurité du pays d'ici à la fin 2014 est-il crédible ?L'Afghanistan est dans une impasse. Il n'y a pas de solution militaire. Les talibans peuvent se réfugier dans les zones tribales pakistanaises. Ils sont soutenus par une partie des services secrets pakistanais et peuvent financer leur effort de guerre avec le trafic d'opium. La priorité aurait dû être d'aider l'Afghanistan à se doter de véritables forces de l'ordre pour contrer le retour des talibans. Je crains qu'il ne soit maintenant trop tard. Propos recueillis par Xavier Harel
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