La BCE sort son bazooka pour limiter les écarts de taux

La BCE envisagerait une intervention automatique sur les marchés en cas de dépassement d\'un niveau fixe d\'écarts de taux (spread) de la zone euro qu\'elle aurait préalablement défini. Cette information dévoilée ce lundi dans l\'hebdomadaire allemand Der Spiegel semble vouloir affirmer la détermination de Mario Draghi, le président de la BCE, de casser le mouvement d\'éclatement des spreads (qui mesure les écarts entre taux à dix ans par rapport au taux allemand) au sein de la zone euro. Il s\'agirait d\'un geste nettement plus fort que celui d\'une simple série d\'interventions ponctuelles sur les marchés.Un porte-parole de l\'institution a cependant démenti ces informations ce lundi après-midi. \"Il est absolument trompeur d\'évoquer des décisions qui n\'ont pas encore été prises, pas plus qu\'elles n\'ont été discutées par le conseil des gouverneurs de la BCE, qui interviendra strictement dans le cadre de son mandat\", a-t-il déclaré.Cohérent avec les annonces de Mario DraghiLe modèle avancé dans le Spiegel est relativement cohérent avec la volonté affirmée fin juillet du président de la BCE de « tout faire » pour sauver la monnaie unique. A priori, les moyens de la banque centrale dans ce domaine sont illimités et devraient permettre de limiter les spreads. Une telle intervention aurait un double avantage : prouver aux investisseurs qu\'il existe une volonté commune de la zone euro pour sauvegarder l\'Union économique et monétaire et maintenir les coûts de refinancement des Etats, notamment l\'Espagne et l\'Italie, dans des limites supportables pour ces deux pays.Soutien allemandMario Draghi devra soumettre ce projet au conseil des gouverneurs de la BCE le 6 septembre, avant sa conférence de presse mensuelle. Mais il semble pouvoir compter sur le soutien du gouvernement allemand, ce qui est essentiel. Après le feu vert implicite accordé jeudi dernier à Ottawa par Angela Merkel, c\'est, cette fois, le représentant allemand au directoire de la BCE, Jörg Asmussen, nommé par Berlin en début d\'année, qui défend la politique de Mario Draghi dans un entretien au quotidien allemand Frankfurter Rundschau, ce lundi. Et Jörg Asmussen d\'assurer à la fois que le nouveau programme sera « mieux conçu » que le précédent et que l\'action de la BCE « se fait dans le cadre de son mandat qui est d\'assurer à moyen terme, la stabilité des prix ». Une fin de non recevoir au président de la Bundesbank Jens Weidmann qui mène la résistance contre cette politique de rachat d\'obligation de la BCE.La question de l\'inflationOn se dirige donc vers une sortie de crise par une intervention massive de la BCE. Une politique qui n\'est cependant pas sans conséquence : elle ne sera possible que par l\'émission massive de monnaie. Qu\'adviendra-t-il de ces liquidités ? Le calcul de Mario Draghi, c\'est qu\'elles ne seront pas reversées dans le circuit économique puisque les Etats concernés continueront à mener des politiques d\'austérité à tendance déflationniste, ce qui brisera la tendance inflationniste de l\'émission monétaire. Mais il y a fort à parier que l\'euro sera néanmoins touché par ce recours à la planche à billet. Or, une dévaluation de fait de l\'euro, si elle peut aider à la relance des exportations, sera également source de tensions inflationnistes. Comme le note les analystes d\'Octo Finances, \"il faut espérer qu\'il n\'y ait pas de défiance envers l\'euro\". Et de résumer la situation : \"la BCE lie le sort de l\'Espagne et de l\'Italie à celui de l\'Allemagne. Tous les pays se sauveront ensemble ou tomberont ensemble. Son attitude est logique, mais elle fait trembler\".
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