Ecole : les économies se heurtent à la poussée démographique

Ces chiffres étaient très attendus. La semaine dernière, la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance (Depp) du ministère de l'Education nationale a publié une note d'information sur les « prévisions nationales d'effectifs d'élèves des premiers et second degrés pour les rentrées 2010 et 2011 » qui vient confirmer les inquiétudes exprimées par les syndicats d'enseignants à la rentrée : alors que les suppressions de postes s'accélèrent (13.500 en 2009, 16.000 en 2010 et en 2011), les conséquences du mini-baby boom des années 2000 commencent à se faire sentir au collège.Selon la Depp, 39.200 élèves supplémentaires sont ainsi attendus dans le secondaire à la rentrée 2010 et 61.900 en 2011. Au lycée, cette hausse est en partie liée au succès de la voie professionnelle (+ 24.300 élèves en 2010, + 14.000 en 2011) ; mais au collège, où 16.100 élèves de plus seront accueillis en 2010 et 35.300 en 2011, elle est due à la démographie. Il y a bien une baisse attendue en élémentaire, mais celle-ci devrait être de courte durée puisque l'on observe actuellement une nouvelle poussée démographique chez les 2-5 ans. Pour absorber ce surplus malgré les suppressions de postes, le gouvernement a trouvé une méthode simple. « A partir de 2006, les hausses démographiques sont atténuées par la baisse de la scolarisation à 2 ans », constate la Depp. Cette baisse devrait donc se poursuivre, pour atteindre 12,7 % en 2011 contre 35 % il y a 15 ans.InquiétudeDans le secondaire, en revanche, pas de déscolarisation possible avant 16 ans. D'où l'inquiétude des enseignants des collèges et lycées, déjà confrontés à une situation plus tendue que dans le primaire, où les 8.000 postes en « surnombre » permettent, pour l'heure (la baisse des postes ouverts aux concours va faire disparaître ce surplus) d'absorber les suppressions de postes et d'assurer le nouveau tutorat des professeurs débutants. Sans compter la suppression de l'année de stage de ces derniers qui, dans le secondaire, « apportaient un demi-service », rappelle Guy Barbier, secrétaire national du SE-Unsa. Conséquence, des classes « supérieures à 30 élèves, soit la même situation qu'il y a dix ans ». Cette situation est totalement assumée par Luc Chatel. Le ministre de l'Education national aime à rappeler qu'il y a 15 ans, on comptait 45.000 professeurs de moins pour 700.000 élèves de plus. Il n'empêche. Les suppressions de postes devant se poursuivre, comme en atteste le fameux « schéma d'emploi 2011-2013 » et ses leviers d'économies (augmentation du nombre d'élèves par classe, remplaçants non titulaires...), les enseignants craignent un effet de ciseau dévastateur dans les prochaines années alors même que leurs missions s'élargissent avec la réforme du lycée (soutien personnalisé, orientation...) et que les professeurs débutants nécessitent plus d'aide. Même l'inspection générale a tiré la sonnette d'alarme la semaine dernière pointant une « situation tendue » et anticipant de « nombreuses difficultés » pour 2011.
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