La Chine met le dollar au régime de la douche écossaise

Tout pays dispose de deux outils pour lutter contre l'inflation : l'arme des taux d'intérêt et celle du taux de change, voire un cocktail des deux. En durcissant les conditions de crédit, une banque centrale modère la demande intérieure et à terme la hausse des prix. En privilégiant la hausse de la monnaie, les responsables économiques tempèrent les pressions à la hausse des prix, via les importations, dont les prix se renchérissent. C'est clairement pour la première option qu'a voté la Chine. La banque centrale a annoncé mardi la première hausse de ses taux directeurs depuis décembre 2007, mais dès le lendemain, elle a laissé le yuan subir sa plus forte décote en séance depuis quatre mois. Le cours du yuan, que la Banque populaire de Chine fixe quotidiennement, a cédé 0,3 % face au dollar, à 6,6754, alors qu'il s'était revalorisé de quelque 2,5 % depuis la fin de son arrimage au billet vert interrompue fin juin. Le combat contre la surchauffe n'est cependant pas gagné d'avance. « En durcissant sa politique monétaire la banque centrale chinoise risque de provoquer un afflux de capitaux qui pourrait renforcer les pressions inflationnistes et accélérer la formation de bulles spéculatives, notamment dans le secteur immobilier», expliquent les économistes d'Aurel BGC. Si tel était le cas, les pressions haussières sur le yuan s'intensifieraient, contraignant l'institut d'émission de Pékin à acquérir encore plus de dollars - ses réserves atteignent déjà le record absolu de 2.648 milliards de dollars - pour empêcher le yuan de se monter.Les acteurs du marché des changes ayant eu le temps relativiser en une journée la portée du geste chinois, ils ont partiellement repris d'une main ce qu'ils avaient concédé de l'autre. Après avoir fait rebondir le dollar de façon spectaculaire, puisque dans la nuit de mardi à mercredi il a fait une incursion jusqu'à 1,3698 pour un euro, soit un rebond de plus de 3 % depuis son point bas de la semaine dernière, ils l'ont à nouveau laissé dériver. Au plus bas dans les transactions de mercredi le billet vert a reflué jusqu'à 1,3975 pour un euro, tandis qu'il enfonçait un nouveau plancher de quinze ans vis-à-vis du yen en retombant en dessous de 81 pour dériver jusqu'à 80,85. Tour de chauffeL'ambiguité des concessions supposées de la Chine, qui ont immédiatement suivi l'engagement du Trésor américain à ne pas se lancer sur la voix d'une dévaluation du dollar, ne va pas faciliter le tour de chauffe des ministres des finances du G20. Ils se rencontrent les 22 et 23 octobre en Corée du sud, pour préparer la réunion des chefs d'États et de gouvernements des 11 et 12 novembre.
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