Les fonds solidaires stimulés par l'épargne salariale

Le 1er janvier 2010, toutes les entreprises devront proposer un fonds solidaire dans le cadre des plans d'épargne salariale. Cette obligation a été édictée dans le cadre de la loi de modernisation de l'économie publiée le 4 août 2008. Si les entreprises ne se mettent pas en conformité avec ce texte, elles pourraient perdre le bénéfice des exonérations fiscales et sociales attachées au plan. Mais beaucoup d'entreprises ne connaissent pas encore ce règlement. « Seulement la moitié des entreprises se sont mises en conformité avec cette nouvelle obligation. Pourtant, nous procédons très régulièrement à des relances afin d'informer les entreprises », explique Dominique Coudert, directeur général délégué de Natixis Interépargne.Rebond des encoursMalgré ce niveau important d'impréparation, les encours ont commencé à progresser dans cette classe d'actifs. « L'épargne salariale solidaire représentait 84 millions d'euros d'encours sous gestion en 2004. Depuis, elle n'a cessé de progresser pour atteindre 600 millions d'euros en 2007, relate Guillaume Legaut, directeur général de Finansol. La crise financière a conduit à une baisse des encours à 478 millions d'euros. Il s'agit d'un effet marché en passe d'être corrigé. Fin juin 2009, les encours avaient à nouveau grimpé à 549 millions d'euros. » La hausse de la collecte devrait encore nettement se poursuivre. « L'épargne salariale représente déjà un cinquième des fonds collectés pour l'économie solidaire alors que seulement 300.000 salariés sont détenteurs de parts de fonds d'épargne salariale solidaire, explique Guillaume Legaut. L'obligation d'offrir un fonds solidaire dans les plans d'épargne entreprise concerne 12 millions de salariés détenteurs d'un plan. La progression des encours ne peut être que conséquente. »Pour l'instant, il s'agit encore d'un marché de niche. Au 1er juillet 2009, on recensait 53 fonds d'épargne salariale solidaire dont 45 multi-entreprises et 8 dédiés, selon l'Association française de la gestion financière. Toutefois, ce sont les fonds dédiés qui ont concentré l'essentiel de la collecte, notamment le fonds de Carrefour qui, à fin septembre 2009, représentait 184 millions d'euros. Ce fonds est géré par Natixis Asset Management qui, avec Natixis Interépargne comme teneur de comptes, possédait 233 millions d'euros d'encours sous gestion, soit un peu plus de 42 % de parts de marché à fin juin 2009. La plupart des autres acteurs affichent des niveaux d'encours plus faibles : 25 millions d'euros pour le Crédit Agricolegricole Asset Management fin 2008, ou encore 23 millions d'euros pour la Société Généralecute; Générale Asset Management pour les acteurs les plus importants, selon les données collectées par Finansol. Toutefois, la perspective de l'accroissement de ce marché pousse les acteurs à proposer de nouveaux produits. En novembre 2009, 24 fonds d'épargne salariale avaient reçu le label Finansol contre 15 en 2008 et 5 en 2007. Certains transforment tout simplement des fonds communs de placement en fonds solidaires. C'est le cas, par exemple, de BNP Paribas Asset Management qui a modifié le fonds BNP Paribas Obli Etheis en un fonds solidaire. Pour cela, il suffit d'investir entre 5 % à 10 % de l'actif d'un fonds dans l'économie solidaire pour intégrer cette catégorie d'investissement. La plupart des fonds sont des fonds actions dits 90/10, c'est-à-dire que 90 % de l'actif est principalement investi en actions selon une optique de développement durable. Il existe à la marge des fonds solidaires obligataires, voire des fonds monétaires.Pour la partie solidaire, les sociétés de gestion s'appuient sur des associations spécialisées qui financent par exemple des entreprises solidaires dont une partie des emplois correspond à des emplois d'insertion ou des activités solidaires comme le logement. Les principales sont France Active dans le domaine de l'insertion par l'emploi et Habitat et Humanisme dans le logement social. gestion déléguéeMais il existe un grand nombre d'autres associations dans le microcrédit, l'aide au développement ou encore l'environnement. Les gérants choisissent l'un de ces acteurs spécialisés auquel ils délèguent la gestion de la part solidaire. C'est le cas par exemple de La Financière Responsable, un nouvel acteur indépendant qui travaille avec France Active et Habitat et Humanisme. Natixis Interépargne a procédé un peu différemment en créant un fonds commun de placement à risque (FCPR) solidaire qui intègre un grand nombre d'acteurs afin de diversifier cette poche. Il finance, par exemple, l'Adie (Association pour le droit à l'iniative économique) ou encore Garrigue, un acteur spécialisé dans l'environnement et le commerce équitable. Une tendance qui pourrait se développer avec l'accroissement de ce marché.
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