Une bulle dont les origines remontent à 2005

Flash back, novembre 2005. Dominique de Villepin annonce un quasi doublement des tarifs de rachat du kilowattheure (kWh) produit par la filière photovoltaïque qui passent de 15 à 22,5 centimes d'euro. La mesure ne bouleverse pas le marché qui reste confidentiel avec ses 25 petits mégawatt (MW) cumulés. Il faudra attendre le fameux Grenelle de l'environnement, fin 2007, pour le voir décoller. Et le Grenelle fait fort ! Il conforte les tarifs de rachat très attractifs et y ajoute un crédit d'impôt de 50 % sur le montant des équipements.Dès lors, la progression des installations et, par conséquent, des demandes de raccordement au réseau EDF, est exponentielle. Rien qu'entre janvier et juin 2010, 511 MW ont été installés en France. C'est plus du double de ce qui a été installé sur toute l'année 2009 (217 MW). Une envolée, une bulle qui ne cesse de gonfler et ceci en dépit de deux interventions de la puissance publique qui, une première fois en janvier, puis une seconde début septembre, revoit à la baisse les fameux tarifs de rachat. « Entre la fin 2009 et aujourd'hui, les tarifs ont baissé de plus de 40 % », explique un chef d'entreprise du photovoltaïque. Pour justifier la seconde baisse, le gouvernement explique qu'au rythme où les raccordements se réalisent, « la France est très largement en avance sur la mise en oeuvre des objectifs du Grenelle », qui sont sensés atteindre 1.100 MW fin 2012 et 5.400 MW d'ici à 2020.Problème politiqueMais le gouvernement s'inquiète surtout des conclusions du rapport sur la filière photovoltaïque que lui a remis l'inspecteur des finances Jean-Michel Charpin. Rapport dans lequel il pointe la « flambée des demandes » en 2009, qui a conduit à la création d'une « file d'attente » de demandes de contrats qui atteint 4.800 MW. Autrement dit, le nombre de demandes de contrat reçues par EDF a été multiplié par plus de quatre entre 2008 et 2009, passant de 18.000 à 80.000. Avec à la clé, un problème politique majeur. Les kWh rachetés par EDF sont en effet à la charge des foyers consommateurs d'électricité qui paient la contribution au service public de l'électricité (CSPE) sur leur facture EDF. Et sans un arrêt brutal de cette bulle photovoltaïque c'est, affirme le rapport, un surcoût annuel de 3 milliards à venir sur la CSPE. Une prévision toutefois contestée par certains mais que visiblement ni le gouvernement précédent, ni l'actuel, n'ont envie d'assumer et dont la conséquence est le gel des projets pour trois mois. Rémy Janin
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