L'avertissement des Pigeonnes : "entre la nounou et l'investissement PME, le choix est vite fait"

Veut-on encourager l\'investissement productif ou le décourager? Les deux mon colonel! C\'est bien ce que l\'on constate avec la politique économique actuelle particulièrement ambivalente ou même schizophrène! On veut réindustrialiser la France et développer l\'emploi. Ceci passe par l\'éclosion de nouvelles entreprises innovantes et on sait qu\'au stade de l\'amorçage, ni les banques, ni les sociétés dites de capital-risque ne veulent prendre le risque de leur lancement. Ce sont les Business Angels qui investissent leur argent personnel et leur temps. Il y en a environ, et seulement, 6000 en France. Parmi elles: 7% de femmes, dont 90% dans notre réseau Femmes Business Angels Ile-de-France. Nous ne sommes pas sexistes et nous investissons aussi bien sur des projets masculins que féminins...Les femmes s\'intéressent à des projets sérieux apportant une innovation réelle, concrète et véritablement utileFavoriser la création des entreprises, c\'est développer le nombre de Business Angels comme dans les pays anglo-saxons. Il y a un immense réservoir de Business Angels potentielles chez les femmes. Mais l\'aversion au risque, qui est générale, est encore accentuée chez les femmes qui sont peu joueuses, naturellement prudentes. Cependant elles s\'intéressent beaucoup à l\'économie réelle et à des projets sérieux apportant une innovation réelle, concrète et véritablement utile. La loi Tepa, en partageant le risque entre les Business Angels et l\'Etat, a convaincu plus de femmes d\'investir dans plus de projets. Nous avons, sur ce thème, trouvé une écoute attentive auprès de la ministre Fleur Pellerin et de son cabinet, et nous nous félicitons du maintien de la déduction ISF à 50%. Toutefois, en ce qui concerne la déduction IRPP*  -beaucoup de nos membres ne sont pas redevables de l\'ISF-, il faudrait impérativement sortir l\'investissement PME du plafond de 10.000 euros, comme pour les Sofica et les investissements d\'Outre-Mer. Pour les femmes, le choix entre la nounou** et l\'investissement PME sera fait au détriment de ce dernier...La vocation d\'un Business Angel n\'est pas de rester indéfiniment dans une sociétéMais cet investissement risque fort de se tarir, et on commence à le sentir déjà dans l\'ensemble des réseaux de Business Angels, à cause du durcissement de la fiscalité sur les plus-values de cession. Les \"Pigeons\" se sont largement exprimées sur ce sujet, et nous sommes aussi des \"pigeonnes\": la valeur d\'une société démarre de quasiment zéro. Et son augmentation, quand l\'entreprise survit, provient du travail de l\'entrepreneur mais aussi de l\'aide du Business Angel, de sa prise de risque financier et de son renoncement à la liquidité de son argent... Rien à voir donc avec un revenu, ou une rente! La vocation d\'un Business Angel n\'est pas de rester indéfiniment dans une société, mais de récupérer du capital au bout de plusieurs années pour le réinvestir dans une nouvelle société.Alors cet argent va-t-il se réfugier dans l\'assurance-vie? Le Business Angel \"normal\", appartenant à un réseau, investit un ticket moyen de 11.000 euros dans un tour de table où, évidemment, les Business Angels se regroupent pour investir 50.000 à 300.000 euros, ce qui correspond à un niveau d\'amorçage. Ce n\'est donc pas un gros capitaliste, mais ce n\'est pas non plus un \"smicard\"! Pour investir, il faut des économies et un certain niveau de revenu, et le taux marginal d\'imposition est donc le plus souvent de 41 à 45%. Quand on y ajoute les prélèvements sociaux, cela devient carrément décourageant! Les porteurs de projets l\'ont bien compris et les \"Pigeons\" ont souhaité associer les Business Angels à un débat sur une solution de toute manière déjà alambiquée... Ils sont très inquiets sur un probable tarissement de leur financement. Le gouvernement, par la voix de Jérôme Cahuzac et de Fleur Pellerin, semble avoir compris le danger. Mais, au Parlement, Christian Eckert et Karine Berger campent sur des positions doctrinaires : \"les revenus du capital doivent être imposés comme ceux du travail\", comme il m\'a été répondu quand j\'ai évoqué le problème. Sauf que ce n\'est pas vraiment du revenu ! Alors cet argent va-t-il se réfugier dans l\'assurance-vie? Et les projets entrepreneuriaux resteront-ils sur le carreau?  * la loi autorise des déductions d\'impôt sur le revenu et sur la fortune en cas d\'investissement dans une PME. Le projet de budget pour 2013 réduit à 10.000 euros le plafond de certaines déductions, dont celle-ci. >> Fiscalité des PME : Hollande lâche un peu de lest (NDLR)** le PLF 2013 conserve à 50% le taux de la réduction ou du crédit d\'impôt pour l\'emploi à domicile. Le plafonnement de cet avantage fiscal est également limité à 10.000 euros. En revanche, les charges pour l\'employeur sur ces emplois seront allégées dans certains cas.Par Françoise Huguet-Devallet, vice-présidente de Femmes Business Angel
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