La surchauffe chinoise sape le moral des places émergentes

Croissance plus forte que prévu, pressions inflationnistes. Les derniers indicateurs chinois n'ont fait qu'accentuer les appréhensions de resserrement monétaire qui taraudent les investisseurs depuis plusieurs semaines. La tension est montée d'un cran jeudi. L'indice MSCI des marchés émergents a effacé ses gains annuels, à 989 points, pour s'inscrire à son niveau de la fin décembre. « Pour calmer la surchauffe qui est en train de se dessiner, les responsables de la politique économique mettent en avant des mesures administratives [contrôle du crédit, admonestations aux banques] », résume Bruno Cavalier chez Oddo Securities. Mais il est probable, ajoute-t-il, « qu'elles n'en resteront pas là : les outils usuels de resserrement de la politique économique seront mis à contribution dans les mois qui viennent ». Le ton s'est en effet durci depuis deux mois en Chine. Et, dans ce contexte, les places émergentes, qui avaient été les premières à sortir la tête de l'eau à la faveur des plans de relance chinois, sont aujourd'hui les plus exposées à un refroidissement chinois. Un exemple : l'indice Bovespa a connu mercredi sa plus mauvaise journée en l'espace de deux mois, les investisseurs craignant que le ralentissement du crédit en Chine ne pèse sur les exportations brésiliennes. vrai chef de file« Les places émergentes ont trouvé avec la Chine un vrai chef de file », estime Martial Godet chez BNP Paribas IP, « lorsque le consensus des analystes est bon sur ce pays, l'indice global des émergents se porte bien ». Et vice versa. La corrélation, particulièrement visible depuis l'année 2008, a d'ailleurs eu le loisir de s'effectuer dans les deux sens. À présent, l'impact de la Chine risque d'être plus marquant encore. Surtout en Asie, où d'autres pays émergents, comme l'a souligné la Banque mondiale, font face à des « risques de bulle sur leurs actifs ». En Inde, notamment l'inflation (qui est à 40 % dépendante des prix alimentaires) est de l'ordre de 20 % sur un an. Si, pour l'heure, la Banque centrale traîne les pieds pour faire évoluer sa politique de taux, elle risque de devoir se montrer plus réactive dans les mois qui viennent. Et elle n'est pas la seule. La Corée du Sud est également sur la liste. L'alerte est donc donnée. « Si les pays émergents ne parviennent pas à éliminer leurs bulles spéculatives, il faut craindre une violente correction dans le prix de leurs actifs », met en garde Nouriel Roubini, professeur à Harvard. n
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