« Class action » Vivendi  : en attendant le verdict

Comme pour l'élection d'un pape, tout le monde attend que sorte une fumée noire ou blanche du tribunal du district sud de New York. Depuis le 11 janvier, les neuf jurés du procès collectif (« class action ») contre Vivendi délibèrent dans cette affaire où le groupe français, s'il était reconnu coupable, pourrait avoir à payer des milliards d'euros de dommages. Leur verdict est attendu avec impatience par toutes les parties. La délibération a lieu dans le plus grand secret, ouvrant la porte aux conjectures. Les jurés font-ils durer le plaisir afin de continuer à bénéficier de leur indemnité de 40 dollars par jour, et d'un bon déjeuner livré au tribunal ? Ou bien ne sont-ils pas d'accord entre eux, comme le laisse supposer leur mine en sortant du tribunal ?tâche complexeLes jurés ont à accomplir une tâche complexe, sans aucune intervention extérieure, et notamment sans l'aide du juge qui a mené les débats lors du procès. D'abord, ils doivent aboutir à une décision à l'unanimité. Ensuite, ils doivent juger si 57 déclarations effectuées par Vivendi sont ou non mensongères. Or, elles portent parfois sur des sujets pointus, comme la consolidation de la filiale télécoms polonaise. Ils doivent aussi déterminer si l'ex-PDG Jean-Marie Messier (J2M) ou son directeur financier Guillaume Hannezo sont responsables de ces déclarations. Enfin, ils doivent déterminer le préjudice par action pour les 554 séances de Bourse qui correspondent à la période du procès (entre le 30 octobre 2000 et le 14 août 2002). Toute­fois, chaque camp a proposé des montants pour guider les jurés. L'accusation estime le préjudice à 22,52 euros par action maximum, tandis que pour la défense, il ne saurait ? au pire ? dépasser 4,68 euros.Chaque camp se perd en conjectures pour estimer quand le verdict sera rendu. « Au début, on accordait quelque attention à un greffier qui prédisait un verdict imminent mais, maintenant, on ne le croit plus », dit une des parties. On surveille les commandes de repas, car si un déjeuner est commandé pour le lendemain midi, cela signifie que le verdict ne sera pas rendu le matin? Surtout, on scrute les demandes du jury. S'il demande des documents, cela signifie qu'il réfléchit encore. Or depuis ce mercredi, il n'a plus rien demandé, ce qui pourrait signifier que l'issue est proche.Le 15 janvier, les jurés ont transmis au juge une liste de trois questions, qui ont surpris tout le monde. Ils voulaient savoir combien d'actionnaires participent à la class action, s'ils détiennent toujours des actions, et enfin si J2M et Guillaume Hannezo détiennent encore des titres. On suppose qu'ils tentaient ainsi de calculer l'addition à payer par Vivendi, et de savoir si ses anciens dirigeants pourraient recevoir une indemnité. Le juge leur a fermement répondu que ce n'étaient pas les questions qui leur sont posées, et que, de toutes les façons, les deux anciens dirigeants ne peuvent pas recevoir d'indemnités.
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