Tracer la route façon « seventies »

Elle sera la star du salon ce week-end. La pulpeuse franco-italienne, la Citroën Maserati, fête ses 40 ans. Cette diva de la route ne semble pas avoir pris une ride, alors imaginez l'impact qu'elle a eu lors de sa présentation au Salon de Genève de 1970. Entre les Peugeot 404 et les Renault 16 de l'époque, la SM fait l'effet d'une bombe. À l'image du Concorde, elle est le symbole d'une France qui va vite, qui croit en l'avenir et au progrès, la France des Trente Glorieuses. Née du rachat de Maserati par Citroën en 1968, cette super GT veut renouer avec le prestige automobile français qui faisait l'honneur du pays avant-guerre. Rien n'est trop beau pour elle. Son V6 Maserati la propulse à 220 km/h, sa suspension hydropneumatique survole les irrégularités de la route, ses phares directionnels éclairent les virages, sa direction à rappel asservie à la vitesse lui confère une tenue de route ultra-sécurisante. Innovations de sérieÀ bord, l'ambiance « seventies » bat son plein. Tableau de bord en Inox, compteurs ovoïdes, larges fauteuils en cuir à rendre jaloux Charles Eames. Quelques raffinements inédits, comme l'air conditionné, la radio ou les vitres électriques, font leur première apparition sur une voiture de série. Sur le réseau routier du début des années 1970 où la vitesse est encore libre, rouler en SM revient à posséder un Mirage 2000 face à des monomoteurs à hélice. Pourtant, malgré un accueil enthousiaste (elle est élue voiture du siècle par un journal américain en 1971), la SM va connaître une courte destinée commerciale. Celle qui aurait pu devenir la Porsche 911 française disparaît dans l'anonymat en 1975 après 12.500 exemplaires vendus. Les raisons de ce désamour sont multiples : crise pétrolière, limitation de vitesse, entretien complexe, réseau mal formé à la vente de voitures de prestige, rachat de Citroën par Peugeot qui a d'autres priorités? le parallèle avec la carrière du Concorde est frappant. La SM était sublimement belle, technologiquement géniale, véritablement avant-gardiste, mais totalement inadaptée aux réalités économiques du marché. Heureusement, depuis trente ans, de nombreux collectionneurs ont bichonné leur SM, et le SM Club de France entretient le mythe avec amour. Si la belle vous tente, sachez qu'elle se trouve encore facilement dans les petites annonces spécialisées et que sa cote varie entre 10.000 et 25.000 euros selon son état. Comme souvent avec les automobiles anciennes, le plus dur sera de trouver près de chez soi un garagiste compétent.Et si cette cylindrée ne vous faisait pas vibrer, il y a de fortes chances pour que vous croisiez à Rétromobile votre madeleine de Proust. Toute la magie de l'événement tient dans la qualité et la diversité de son offre qui ne fait preuve d'aucune discrimination. En trente-cinq ans, Rétromobile est devenu le « happening » incontournable des amoureux de voitures anciennes. 90.000 visiteurs déambulent émerveillés au milieu des carrosseries lustrées avec amour et les bourses d'échanges de collectionneurs. Entre les rétrospectives des constructeurs exhibant fièrement leur patrimoine, c'est le cas d'Alfa Romeo qui fête ses 100 ans, et les dizaines de clubs qui vous tuyauteront sur un modèle en particulier, la balade en famille vaut le coup d'oeil. Cette année, les organisateurs ont mis deux thématiques à l'honneur : les voitures travelling de cinéma et l'aventure des transports urbains de 1825 à nos jours. Du premier omnibus à cheval au récent bus à moteur, en passant par les « micros cars » urbaines, c'est toute l'histoire de la mobilité urbaine qui défile sous nos yeux.
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