« Le jazz ? Cette musique qui boxe l'âme. » L'expression de Jean Cocteau, qui appréciait dès les années 1920 ces sons étranges venus d'outre-Atlantique, s'appliquerait bien à « Sons d'hiver ». Tant ce traditionnel premier festival de l'année sur le calendrier se place aussi en tête dans le registre de l'innovation.Initiée en 1991 par le conseil général du Val-de-Marne, cette manifestation itinérante (dix villes hôtes des concerts) est délibérément orientée vers les musiques improvisées marginales. Bien loin du « smooth jazz » dominant dans les cafés à la mode, c'est l'esprit d'un jazz engagé que défend « Sons d'hiver ».Habitué du festival, le batteur Hamid Drake, invité en ouverture, propose un projet où se marient cultures créole, caribéenne, rythmes urbains. Un des leaders du collectif de Chicago, AACM (Association for the Advancement of Creative Musicians), le saxophoniste Ernest Dawkins mixte, pour sa part, free jazz et musiques africaines dans son « New Horizons Ensemble ». Autre animateur « historique » de « Sons d'hiver », le bassiste William Parker incarne depuis trois décennies et sans compromis l'avant-garde new-yorkaise.L'événement de cette édition devrait être la création mondiale d'une version opéra du film de Melvin Van Peebles, sorti en 1971, « Sweet Sweetback's Baadasssss Song ». Sur scène, on retrouvera en effet quelques-uns des Français les plus créatifs, le saxophoniste François Corneloup (au sein du groupe Ursus Minor), le flûtiste Michel Edelin qui invite la flûtiste et actuelle présidente de l'AACM, Nicole Mitchell, ou encore le tromboniste Yves Robert avec son projet « l'Argent nous est cher » (musique et paroles) dans une version adaptée à la crise actuelle. Une chose est certaine : dans le jazz, la création n'est pas en crise !Jean-Louis Lemarchand Festival « Sons d'hiver ». Du 29 janvier au 20 février. Réservations : 01.46.87.31.31. www.sonsdhiver.org

latribune.fr

22 Jan 2010, 11:48

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