La guerre civile en Libye fait trembler les sociétés pétrolières et les Bourses

Il y a moins de deux ans, le colonel Mouammar Kadhafi fêtait encore en grande pompe ses 40 ans de pouvoir sans partage à la tête de la Libye. Après sa réhabilitation en 2004 par la communauté internationale suite aux attentats à la bombe (Lockerbie, le vol UTA), les chefs d'État et de gouvernement, de Tony Blair à Jacques Chirac en passant par Silvio Berlusconi se pressaient pour le rencontrer sous sa tente. En quelques heures la « stabilité » de son pouvoir s'est effondrée. La révolte, nourrie des récents précédents de ses deux voisins à l'ouest et à l'est (la Tunisie et l'Égypte), a commencé à Benghazi avant de s'étendre à la capitale Tripoli pour devenir une véritable guerre civile. La répression de la révolte - qui s'exerce apparemment aussi via des bombardements - auraient fait plusieurs centaines de morts. Presque toutes les sociétés pétrolières présentes dans le pays voient leur activité touchée. Seuls ENI, contrôlé par l'État italien, et l'Espagnol Repsol continuent « normalement » leur extraction de pétrole. BP, Royal Dutch Shell, l'Allemand RWE Dea, l'Autrichien OMV et le Norvégien Statoil évacuent leurs salariés sur place. C'est le cas aussi d'autres firmes étrangères actives en Libye comme Siemens, Wintershall (groupe BASF) ou le groupe français de BTP, Vinci dont des salariés travaillent actuellement à la construction de la tour de contrôle du nouvel aéroport international de Tripoli. Les investisseurs étrangers avaient en effet profité du « dégel » entre la Libye et les grands pays occidentaux pour s'engager dans le pays, disposant de par sa manne pétrolière d'un trésor de guerre incommensurable. L'Italie, premier partenaireSurtout le gaz et le pétrole libyen alimentent en énergie les grandes économies : la France est le troisième client de Tripoli (9 % des exportations libyennes soit 3,174 milliards de dollars en 2009), juste après l'Allemagne (10,2 % de l'export de Tripoli). C'est la troisième économie de la zone euro, l'Italie qui est le premier partenaire commercial de la Libye. 20 % de ses besoins en pétrole sont couverts par ses importations d'or noir de Tripoli. L'Italie a d'ailleurs augmenté ses importations de gaz et de pétrole libyens pour réduire sa dépendance vis-à-vis du gaz russe... L'ENI, présent dans le pays depuis 1959, est le premier investisseur sur place et contribue via un impôt spécial (grevant ses comptes de 250 millions d'euros par an) au financement d'infrastructures dans le pays durant 20 ans. Ces cinq milliards d'euros au total promis par Silvio Berlusconi sont aussi la contrepartie du contrôle sévère fourni par les forces du colonel Kadhafi pour retenir le flux de migrants d'Afrique subsaharienne sur son sol et éviter qu'ils ne gagnent les côtes nord de la Méditerranée, en premier lieu la petite île sicilienne de Lampedusa. Le fonds souverain ou la banque centrale libyenne détiennent aussi des pans entiers de la finance italienne : ils sont les premiers actionnaires de la plus grande banque du pays, Unicredit (plus de 7 % du capital) et sont présents au capital du groupe de défense Finmeccanica ou du club de foot de la Juventus.Un temps, l'État libyen envisageait aussi d'entrer au capital de Telecom Italia ou de l'assureur Generali. Lundi la Bourse de Milan a d'ailleurs reculé de 3,6 % sous le contrecoup de la guerre civile en Libye. Le cours des titres du groupe de BTP Impregilo a dévissé de plus de 6,17 %, idem pour Unicredit et d'ENI chutant de plus de 5 %.Lire également page 18
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