Akaeno Environnement veut marier biogaz et engrais vert

La société Akaeno présentera ce mercredi, dans le cadre du salon international de l'Agriculture, qui se tient jusqu'au 27 février à Paris, Porte de Versailles, une technologie de recyclage des déchets qu'elle assure être très innovante. Une technologie qui s'inscrit dans le concept « cradle to cradle (C2C) » (« du berceau au berceau »), qui suscite de plus en plus l'intérêt des pouvoirs publics comme des industriels. L'idée du C2C est de fabriquer des produits entièrement recyclables qui fourniront eux-mêmes leurs propres matières premières quasiment à l'infini (par exemple des téléphones mobiles entièrement recyclés en nouveaux téléphones) ou qui retourneront à leur origine sans laisser de trace environnementale indélébile.C'est précisément cette seconde voie qu'illustre le procédé développé par Akaeno baptisé du savant nom d'Enoferti. La société d'ingénierie propose en effet de réaliser des unités de production de biogaz et d'engrais entièrement fabriqués à partir de composants organiques, qu'il s'agisse de déchets organiques issus de l'agriculture, de l'industrie agroalimentaire ou encore de déchets biodégradables provenant des ordures ménagères. La production de biogaz tiré de la biomasse n'est pas nouvelle. Nombre d'usines de traitement des eaux usées extraient du méthane des boues d'épuration. L'originalité du procédé Enoferti vient de la matière première dont il se nourrit.Engrais biologique efficaceC'est en effet à partir du digestat que sont fabriqués les engrais verts. Le digestat est au processus de méthanisation ce que la lie est au vinaigre : c'est le sédiment qui reste au fond des cuves (les digesteurs) après que tout le biogaz en ait été extrait. De façon générale, ce digestat est utilisé aujourd'hui pour servir d'engrais organique ou de compost « que les conditions de transport, les restrictions liées aux plans d'épandage et le respect des réglementations rendent très peu rentable avec un bilan carbone déplorable », commente Isabelle Motte, PDG d'Akaeno. Son idée est donc de tirer de ce digestat un engrais biologique « tout aussi efficace que les engrais chimiques » qui eux « sont fabriqués avec du gaz naturel importé, du phosphore provenant des mines marocaines ou chinoises et de la potasse importée du Canada ou encore de Russie », insiste Isabelle Motte. Avec, cerise sur le gâteau, une rentabilité largement supérieure pour les engrais tirés du digestat qu'elle chiffre « de 150 à 500 euros la tonne » contre environ 20 euros/tonne pour un compost classique.Selon ses prévisions, Akaeno compte construire et vendre « une trentaine d'unités de biométhanisation dans les cinq ans à venir » pour « un chiffre d'affaires de l'ordre de 350 à 400 millions d'euros ». Des unités qui tireront leurs bénéfices de la vente de l'électricité produite grâce au biogaz et des engrais tirés du digestat. Le monde agricole est bien évidemment le coeur de cible d'Akaeno puisqu'il est le seul à même de faire tourner ces unités : il produit la matière première (la biomasse), il a besoin d'énergie comme toute industrie et utilise des engrais pour produire à nouveau la biomasse dont il aura besoin pour ses usines. « Cradle to cradle » décidément !Rémy Janin
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