La Banque d'Espagne fait la lumière sur les actifs immobiliers risqués des « Cajas »

Peu à peu, le voile se lève sur l'exposition immobilière de la finance espagnole, un paramètre qui a semé le doute sur la solvabilité du secteur. Celle des caisses d'épargne s'élève ainsi à 217 milliards d'euros, dont 46 %, soit une centaine de milliards d'euros, sont considérés comme potentiellement problématiques. Dans ces actifs, 28 milliards correspondent à des créances douteuses, le même montant à des crédits normaux mais sous surveillance, et 44 milliards d'euros sont issus d'immeubles attribués en paiement de la dette. Leur taux de couverture est de 38 %. Ces annonces ont été faites lundi par le gouverneur de la Banque d'Espagne, Miguel Fernández Ordoñez. Le taux de créances douteuses du secteur était de 5,81 % en décembre. La publication de ces chiffres est une nouvelle manifestation de la stratégie de transparence menée par la Banque d'Espagne afin de rassurer les marchés et d'éviter que la crise irlandaise se produise dans la péninsule ibérique : cette crise avait conduit à « une importante augmentation des coûts de financement et à des difficultés d'accès aux marchés internationaux », a rappelé le gouverneur. Le gouvernement espagnol a par ailleurs enfoncé le clou en imposant un seuil minimum de capitaux durs (« core Tier One ») de 8 % en général et de 10 % pour les entités dont la liquidité dépend fortement des marchés financiers ou qui comptent moins de 20 % d'investisseurs privés à leur capital. Dans ce contexte, Miguel Fernández Ordoñez assure que les besoins en recapitalisation du secteur seront au maximum de 20 milliards d'euros et que les établissements respecteront les nouvelles exigences de capital, que ce soit via des capitaux privés ou publics. Les aides du Fonds de restructuration ordonnée bancaire (FROB) compteront d'ailleurs comme capital. Les caisses d'épargne, principales concernées par ce surcroît d'exigences, ont jusqu'à présent bénéficié de prêts du FROB à hauteur de 11,5 milliards d'euros.Chasse aux investisseursLe décret-loi adopté le 18 février en Conseil des ministres impose aux entités financières d'avoir rempli ces nouvelles conditions pour le 30 septembre. Toutefois, la Banque d'Espagne pourra leur accorder un délai supplémentaire d'entre trois et six mois (jusqu'à mars 2012). L'État entrera dans le capital de celles qui n'y parviendraient pas pour une durée maximum de cinq ans, via l'acquisition d'actions. Ceci implique la bancarisation des activités financières des caisses d'épargne concernées.Dans ce contexte, la chasse aux investisseurs privés est ouverte. Certaines caisses, comme La Caixa ou Banca Cívica, se sont lancées dans des road shows pour expliquer leur situation. Par ailleurs, un représentant de la Banque d'Espagne se rend à Londres mardi pour présenter les dernières réformes aux investisseurs. « Aucune restriction ne sera imposée aux investissements étrangers dans les caisses, le plus important étant leur stabilité », a indiqué Miguel Angel Ordoñez. Une tournée identique est prévue en Asie.
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