Diageo s'offre une place de numéro un en Turquie

Le PDG de Diageo, Paul Walsh, peut se réjouir. Pernod Ricard voulait détrôner le groupe anglais de la première marche du podium mondial des fabricants de spiritueux. En rachetant le turque Mey Içki pour 1,5 milliard d'euros (auprès des fonds d'investissement TPG et Actera), l'anglais gardera sa première place un peu plus longtemps. L'opération sera finalisée au second semestre 2011.Mey Içki est le roi du raki, cet alcool anisé que les classes moyennes turques dégustent à l'apéritif. Il détient 80 % de ce marché, le premier du pays, à travers les marques Yeni Raki, Izmir ou Tekirdag, et 65 % de la vodka, en pleine croissance, ce qui lui permet de réaliser pour l'exercice 2010, un chiffre d'affaires de 350 millions d'euros et un confortable résultat d'exploitation de 140 millions. Grâce à cette acquisition, Diageo s'offre donc un relais de croissance très rentable auprès d'un public toujours plus large et prend une longueur d'avance face à son rival dans les émergents. Son chiffre d'affaires réalisé dans ces nouveaux pays passe de 33 % à 36 %, contre 35 % chez Pernod Ricard. Il met aussi la main sur un vaste réseau de distribution de 650 vendeurs officiant dans plus de 57.000 bars, restaurants et autres débits de boissons. « Diageo développe ainsi un modèle à la Pernod Ricard, récupérant un réseau en propre pour y développer ses propres marques haut de gamme », observe Laetitia Delaye, analyste chez Kepler Capital Markets. La vodka Smirnoff, le whisky Johnnie Walker ou la bière Guinness vont donc pouvoir envahir le pays sans avoir à passer par des intermédiaires multimarques. Enfin, l'opération permettra peut être à Diageo de régler un contentieux fiscal vieux de 2001 avec le gouvernement turque, les douanes réclamant plus de 100 millions de livres turques (46 millions d'euros) au groupe britannique.Saluée par la BourseRéalisée à bon prix (9,9 fois le résultat brut d'exploitation, contre 12,7 fois en moyenne sur le secteur depuis dix ans), l'acquisition a été saluée par la Bourse, le cours gagnant 1,2 % à la mi journée ce lundi. « Elle nous permettra d'ajouter 1 % au résultat par action du groupe dès la première année », s'est félicité le PDG. Selon les analystes, elle laisse aussi un taux d'endettement suffisamment faible pour autoriser de nouvelles emplettes dès 2012. À cette date, Pernod Ricard pourrait, lui aussi, après digestion complète de Wine & Sprit (Absolut), être prêt pour de nouveaux achats, afin, pourquoi pas, de renforcer encore sa présence aux États-Unis. La messe n'est donc pas dite entre les deux champions de l'alcool fort. Sophie Lécluse
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