Sarkozy et l'erreur de marketing de la nostalgie

La marque Sarko est toujours vivante mais son corps est absent. Quelques images, comme volées à une longue transition, entre conférences, rencontres, vie privée. Une stratégie que l\'on devine pensée mais qui communique comme une forme d\'incertitude de la volonté. Et ceci dans un temps déjà si instable pour chacun d\'entre nous que nous ne pouvons nous consacrer, encore moins nous passionner pour la narration du mystère du retour ou pas de Nicolas Sarkozy. Sa parole, plus encore ses écrits, sont rares, en tout cas dans l\'espace public. Ce qui pourrait être son texte est délivré par ses fidèles. Mais il devient comme collectif, choral, et se perd dans le bruit médiatique ambiant. Et sa tentative avortée de médiation autoritaire communément rejetée par les deux protagonistes du triste vaudeville de cet automne à l\'UMP n\'a pas clarifié son positionnement ni sa place.Que le \"past President \" parle!En ces temps de low cost triomphant, la célébration du bilan de l\'ex Président de la République française ne peut se résumer à une théâtralisation fantomatique de son bilan. L\'utilité pour l\'UMP est douteuse, plus encore pour la vie politique française.Surtout la narration que nous pourrions attendre est celle d\'un Nicolas Sarkozy du réel ! Que le past president, comme on dit aux USA, parle, écrive, dise sa vérité de la situation nationale, européenne, globale. Son analyse d\'aujourd\'hui, sa vision de demain. Certes il y a le Conseil Constitutionnel et la réserve, mais il y a aussi le besoin collectif d\'engagement et d\'éclairage de l\'ancien Président.La narration du bilan, le marketing de la nostalgie est une mauvaise base de conversation. Certes quand les repères s\'effacent, quand l\'accélération du temps nous tétanise, quand la météo économique et sociale n\'annonce que des dépressions, il y a une tentation à se réfugier dans un nostalgie patrimoniale, pour tenter de vivre un présent dans lequel on ne peut trouver sa place.Phénomène mémoriel de repliLe marketing politique de la commémoration pourrait embrasser et valoriser ce phénomène mémoriel de repli face à la tyrannie du présent et les brumes de l\'avenir. Il n\'en est rien. Il y a erreur de conversation. Encore une fois ce dont nous avons collectivement besoin, ce à quoi devrait s\'employer l\'ancien Président de la République, c\'est nous aider à comprendre notre époque et à préparer notre futur. Certes peut-être en interrogeant le présent et le passé, en vue d\'éclairer l\'avenir, mais pas dans la seule célébration du passé et du sien en plus. La marque Sarko devrait s\'installer dans un rôle d\'éclaireur.Le passé pour le passé, l\'abus de mémoire, on ne peut parler à si courte distance d\'histoire sont de mauvais champ narratifs. Le «c\'était mieux avant » ne peut plus fonctionner quand il devient l\'alternative généralisée à l\'impuissance du présent.La marque Sarko devrait se poser en avocate du futur, des enfants, de l\'intérêt général, pas de sa propre mémoire. Là peut-être, un nouveau rendez-vous pourrait trouver légitimité. Qui sait. *Professeur associé à l\'Université de Paris 1 la SorbonneMembre de la SEAP, Society of European Affairs Professionals 
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