Legris tourne la page Keyria

Après la cession en 2008 de Legris SA (raccords, tubes, robinets industriels, etc.), filiale historique de Legris Industries, Keyria était devenue la filiale la plus importante de l'industriel rennais avec 427 millions d'euros de ventes et plus de 1.900 salariés. L'année 2009 a considérablement changé la donne. « Tout a commencé à la fin 2008, expliquent les porte-parole du groupe. Touchée de plein fouet par les crises financière et immobilière, Keyria [achetée en 2006 et spécialisée dans l'ingénierie des matériaux de construction, Ndlr] a dû faire face à des annulations de commandes pour un montant de 140 millions d'euros. » Dans la foulée, le carnet de commandes s'effondre de 70 % au premier trimestre 2009. La trésorerie se tend, les pertes opérationnelles se creusent. « En juillet, nous avons bâti un projet de restructuration de Keyria dans le cadre d'une procédure de conciliation, précisent les porte-parole. Quelque 50 millions d'euros devaient être injectés dans la société, dont la moitié par le groupe. Dès août, Legris industries a donc débloqué 12,5 millions d'euros. » Las, en septembre, les commandes continuent de chuter et compromettent la viabilité du projet de restructuration.érosion des ventesDès juillet, l'une des huit filiales françaises de Keyria, Ceric Automation (Nolay, Côte-d'Or) est placée en redressement judiciaire. Suivie, fin octobre, par les sept autres ? Tecauma (Les Essarts, Vendée), Fimec (Le Pin-en-Mauges, Maine-et-Loire), Adler (Crèvecoeur-le-Grand, Oise), Ceric SA (Paris), Pelerin (Soissons, Aisne), Ceric Wistra (Limoges, Haute-Vienne) et Hallumeca (Baisieux, Nord). La société mère, Keyria SAS, et des filiales étrangères (Allemagne, Italie) sont placées en procédure de sauvegarde. Fin 2009, les ventes de Keyria n'atteignent plus que 215 à 220 millions d'euros...à ce jour, quatre des huit filiales ont trouvé repreneurs : Ceric Wistra, rachetée par un concurrent, Elmetherm. Tecauma, Fimec et Adler reprises par des salariés. Restent les sociétés du « pôle est » de Keyria, sur lesquelles les tribunaux de commerce de Paris et Dijon exercent une double compétence. Celui de Dijon a rendu sa décision en faveur de Tellus pour la reprise de Ceric Automation, le 9 mars. Mais un recours en nullité a été déposé. Celui de Paris réentendra les porteurs de projets (Tellus et Ceric nouvelle) mercredi prochain avant de trancher. « Nos deux projets divergent, admet Philippe Pénillard de Tellus, avec l'un concentré sur Nolay et l'autre plus présent à Paris. Nos stratégies aussi. Mais, ce qui importe surtout, c'est que nos entreprises trouvent rapidement une issue pour se sortir de la crise et de la situation dans laquelle elles sont tombées. »En attendant, près de 600 salariés de Keyria ont perdu ou perdront leur emploi. Avec eux, « la France se prive d'un précieux savoir-faire », regrette l'un des délégués du personnel de Ceric qui n'entend pas rester bras croisés. Legris Industries a engagé 10 millions d'euros dans le cadre des plans de revitalisation et de sauvegarde de l'emploi.
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