Brassens, l'éternel libertaire

Sur l'affiche, il est bien reconnaissable avec sa pipe à la bouche et sa moustache à la gauloise. Mais, détail qui a son importance, il pose en « marcel » blanc et sans guitare. Georges Brassens, tel qu'il revit dans l'exposition que lui consacre la Cité de la musique, ne ressemble assurément pas à cette image jaunie d'un chanteur tranquille pour public familial.« C'était le punk de l'époque », commente Clémentine Deroudille, cocommissaire de l'exposition avec le dessinateur de BD Joann Sfar. Un libertaire qui dénonçait les institutions - l'Église, l'armée, la justice - et vit longtemps ses chansons interdites à la radio. Le chanteur était bien conforme à cette chanson qui le fit connaître en 1954 et causa le scandale, « la Mauvaise Réputation ».Trente ans après son décès (1981) et quatre-vingt-dix ans aussi après sa naissance, Georges Brassens, le Sétois de Paris, revient sous une double identité. C'est tout le mérite des deux commissaires d'avoir su présenter un parcours documenté et ludique permettant de découvrir un artiste unique, poète libertaire - aux oeuvres publiées dans la collection réputée « Poètes d'aujourd'hui » - et copain gentil, bon vivant, athlétique, aimant même à soulever des haltères (de 110 kg !). On retrouve sur les cimaises de la Cité de la musique l'homme que décrivait ainsi en 1953 l'écrivain René Fallet : « Une voix en forme de drapeau noir, de robe qui sèche au soleil, des coups de poing sur le képi, une voix qui va aux fraises, à la bagarre et à la chasse aux papillons. » Tout au long de cette immense rétrospective, les dessins de Joann Sfar, l'auteur de « Gainsbourg, vie héroïque », viennent accompagner sur un ton léger, drôle, les nombreux documents rassemblés par Clémentine Deroudille : carnets de notes, textes de ses premières chansons (jamais éditées), partitions méconnues, photos intimes de Brassens dans ses maisons successives du XIVe arrondissement, films en super 8 tournés par le chanteur lui-même.Exposition parlante sur la personnalité de Georges Brassens, « Brassens ou la liberté » est également une manifestation sonore initiée par le musicien Olivier Daviaud. Le visiteur peut y entendre quelques-unes de ses 131 chansons (« Chanson pour l'Auvergnat », « les Copains d'abord »...), le concert intégral de Bobino en 1969 et retrouver, grâce à des téléphones d'époque, les commentaires d'un poète libre et rabelaisien. Jean-Louis Lemarchand « Brassens ou la liberté » à la Cité de la musique jusqu'au 21 août. www.citedelamusique.fr. Concerts le week-end. Catalogue édité chez Dargaud. Universal réédite en vinyles de 180 g les quatorze albums originaux de Brassens.
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