L'Europe expose ses divisions sur la Libye

Préférant minimiser les différences entre les Vingt-sept sur l'opération militaire en Libye, Alain Juppé a qualifié l'intervention de la coalition internationale à ce stade de « succès ». « Si nous n'avions rien fait, a déclaré le ministre des Affaires étrangères français à l'issue d'une réunion avec ses homologues européens à Bruxelles, il est probable que Benghazi aurait connu un bain de sang. Nous avons donc sauvé la population. » Plusieurs pays européens, y compris l'Italie qui participe pourtant aux opérations, ont émis des doutes sur la conformité des bombardements avec la résolution de l'ONU, qui demande de protéger les civils et non de chasser Mouammar Kadhafi. Des doutes fondés, dans la mesure où le Premier ministre belge Yves Leterme a avoué que l'objectif était « clairement » de déloger Kadhafi et le chef de la diplomatie britannique William Hague n'a pas exclu que le Guide soit pris pour cible. HostilitéTrès hostile aux frappes, le Premier ministre bulgare Boïko Borissov a considéré que la principale motivation de la coalition, loin de la seule protection des civils, concernait « l'exploitation future du pétrole libyen ». Une position partagée par Téhéran. En revanche, le chef de la Ligue arabe, Amr Moussa, qui avait critiqué dimanche l'intensité des bombardements et des pertes humaines, a atténué ses propos lundi, déclarant qu'il soutenait la résolution de l'ONU autorisant l'intervention militaire. « La coordination de l'intervention se fait par les États-Unis en étroite collaboration avec la France et la Grande-Bretagne », a rappelé Alain Juppé, avant d'ajouter que « d'ici quelques jours, l'Otan est disposée à venir en soutien ». Paris préfère que l'Otan se limite à un rôle complémentaire au lieu de prendre le contrôle des opérations. « Beaucoup de pays qui veulent que ce soit une opération de l'Otan disent qu'il faut tenir compte des pays arabes. Or les pays arabes ne veulent pas de l'Otan », a souligné le ministre des Affaires étrangères, pointant les contradictions. L'Union européenne a adopté des sanctions renforcées contre les membres du régime de Kadhafi, élargissant les gels d'avoirs et les interdictions de visas. L'Allemand Guido Westerwelle, qui a refusé de participer aux opérations militaires, était essentiellement partisan d'adopter de nouvelles sanctions économiques et financières. « Le seul renforcement des sanctions n'aurait pas sauvé Benghazi. Regardez ce qui se passe en Côte d'Ivoire... », a tenu à souligner Alain Juppé. L'UE s'est également dit prête à sécuriser une opération humanitaire en Libye avec des moyens militaires, en cas de demande onusienne.
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