La gauche doit se trouver un projet et un chef pour 2012

Pendant la campagne des régionales, Martine Aubry avait le sourire. Volonté sans doute d'afficher un autre visage que celui offert depuis la triste victoire du congrès de Reims qui l'avait propulsée en novembre 2008 à la tête d'un Parti socialiste, bateau ivre. Mais il y avait autre chose, comme un parfum d'optimisme. « Les gens recommencent à croire en nous », a répété la première secrétaire du PS lors de son marathon de déplacements et de meetings.Après la débâcle des européennes de juin 2009 et ce 16 % des voix, qui renvoyait le PS à ses pires souvenirs du 21 avril 2002, la maire de Lille avait failli jeter l'éponge. Avant de se reprendre et d'obtenir, début octobre, l'assentiment des militants lors d'un référendum sur la rénovation du parti et l'organisation de primaires pour la désignation du candidat à la présidentielle de 2012. « Tout s'est enchaîné logiquement », constate un de ses proches. « Le parti s'est renforcé et Martine aussi. »Martine Aubry a su tirer bénéfice de sa position institutionnelle de chef de parti pour prendre un avantage, qu'elle sait provisoire, sur les autres présidentiables socialistes. À commencer par Ségolène Royal, qui s'est retirée sur ses terres de Poitou-Charentes pour mener sa campagne régionale, seule, sans le soutien des « éléphants » socialistes.Réélue dimanche soir, Ségolène Royal va maintenant chercher le meilleur angle de tir pour revenir s'installer au coeur de la compétition pour 2012. Car tous les rivaux de Martine Aubry, et même le très silencieux Dominique Strauss- Kahn, sont d'accord sur une chose : la victoire des régionales ne peut être portée au seul bénéfice de Martine Aubry. Même si, pour les proches de la patronne du PS, il est incontestable qu'elle sort renforcée d'une campagne où elle s'est posée comme chef de l'opposition à Nicolas Sarkozy.Guerre des chefsLes rivaux de Martine Aubry sont en tout cas décidés à agir vite pour l'empêcher de s'installer durablement en tête du peloton des présidentiables. Son prédécesseur à la tête du PS, François Hollande, compte ainsi demander sans attendre l'organisation rapide des primaires de désignation du candidat de 2012. Pour le député de Corrèze, « la gauche doit être organisée au moment où Nicolas Sarkozy décrétera la pause dans les réformes, au second semestre 2011, pour préparer sa seconde campagne présidentielle ».Jean-Louis Bianco, proche de Ségolène Royal, défend même l'organisation de la compétition dès le second semestre 2010, pour « éviter de perdre le crédit regagn頻 pendant la campagne des régionales.En annonçant, au coeur de la campagne régionale, l'existence d'un accord à trois (Martine Aubry - Dominique Strauss-Kahn - Laurent Fabius), pour ne présenter qu'une seule candidature aux primaires, l'axe qui dirige le PS depuis novembre 2008 a de plus considérablement irrité les candidats alternatifs, de Ségolène Royal à Manuel Valls, en passant par François Hollande ou Pierre Moscovici. « Si le processus des primaires n'est pas régulier, je reprendrai ma libert頻, a averti Ségolène Royal.Face au réveil des ambitions présidentielles socialistes, les partenaires du PS font part de leur grande prudence au sujet d'un arc d'alliances pour 2012. Cécile Duflot, secrétaire nationale des Verts, a déjà dit sa réticence concernant l'idée de Daniel Cohn-Bendit de soutenir le candidat socialiste en échange de circonscriptions législatives réservées aux écologistes.guerre des programmesSi le parti de Martine Aubry a pris une confortable avance sur les écologistes et le Front de gauche, il ne gagnera pas la présidentielle sans leurs électeurs. D'où les tentatives d'instaurer une nouvelle union d'une gauche rebaptisée « solidaire » et les promesses d'un projet « écologique et social ». Or la préparation du projet pour 2012, parallèlement à la tenue du débat sur les retraites, sera aussi source de tensions au PS. François Hollande a déjà fait savoir qu'il mènerait bataille pour un programme « réaliste en temps de crise », tenant en quelques propositions. Et l'aile gauche du PS, représentée par Benoît Hamon et Henri Emmanuelli, a été sérieusement échaudée par le « quiproquo » de Martine Aubry sur l'âge légal de départ à la retraite.
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