Sanofi essuie un sérieux revers en France

Coup dur pour Sanofi-Aventis. Le Multaq, le dernier-né des médicaments du laboratoire sur lequel il fondait de grands espoirs, vient de se voir retoquer par les autorités françaises de santé. De sources concordantes, la Commission de la transparence, chargée d'évaluer l'intérêt médical des nouveaux médicaments avant la fixation de leur prix de remboursement, a rendu un avis médiocre sur ce traitement destiné à traiter les troubles du rythme cardiaque. Le « service médical rendu » (SMR), qui sert à déterminer le taux de remboursement d'un produit, a été jugé « modér頻. Et « l'amélioration du service médical rendu » (ASMR), qui tient lieu d'indication pour le prix de vente final, a obtenu la plus faible des notes : 5 (lire ci-contre). « Selon cet avis, le Multaq ne devrait être remboursé qu'à 35 % » indique-t-on à « La Tribune ». Pire : une ASMR de 5 débouche généralement sur un prix inférieur à celui des produits similaires déjà sur le marché. « Or le prédecesseur du Multaq est la Cordarone (molécule amiodarone), également commercialisée par Sanofi. Mais elle est génériquée depuis longtemps et ne vaut donc presque plus rien », indique un expert. Certes, l'avis de la Commission n'est que « consultatif ». Il revient ensuite au Comité économique des produits de santé (CEPS), rattaché au ministère de la Santé, de négocier avec l'industriel les conditions de remboursement (voir encadré). « Mais le message envoyé par la Commission au ministère est clair : le Multaq n'apporte rien de nouveau sur le march頻, tranche un proche du dossier. Dans l'entourage de la Commission, on va même plus loin : « Si Sanofi obtient un prix trop bas, rien ne dit qu'il ne renoncera pas, au final, à lancer le Multaq en France. » « Nous ne commentons pas les évaluations en cours », a indiqué ce week-end Philippe Tcheng, directeur des affaires publiques pour Sanofi en France.Critiqué aussi Outre-MancheLe revers est de taille pour le laboratoire. Le Multaq est censé être son futur produit vedette. Présenté comme un potentiel blockbuster, il devait regonfler son portefeuille de médicaments mais aussi redorer le prestige de sa recherche entachée par l'échec de la pilule anti-obésité Acomplia en 2008. « L'approbation de Multaq est l'aboutissement de plus de quinze annnées d'efforts de recherche et développement », se félicitait Sanofi le 30 novembre 2009, lors de l'obtention de l'autorisation de mise sur le marché (AMM) pour l'Europe. Les analystes en attendaient un chiffre d'affaires mondial pouvant aller jusqu'à 3 milliards de dollars. Certes, la France n'est qu'un des marchés du groupe aux 29 milliards d'euros de revenus. Mais elle a valeur de symbole pour le premier laboratoire tricolore. Surtout, le pays n'est pas le premier à critiquer le médicament : en décembre dernier, les autorités britanniques de santé (NICE) ont jugé qu'il n'offrait pas un rapport coût/efficacité satisfaisant. Vendu aux états-Unis et au Canada (et en Allemagne depuis janvier), le Multaq n'a rapporté que 25 millions d'euros au laboratoire l'an dernier. Mais « le marché de la fibrillation atriale [le trouble du rythme cardiaque ciblé par le Multaq, Ndlr] est deux fois plus gros en Europe, avec 4,5 millions de patients contre 2,5 millions aux états-Unis », souligne un analyste parisien. Sanofi peut désormais demander à être auditionné par la Commission de la transparence et tenter d'infléchir son avis. Mais il ne peut pas verser d'éléments nouveau à son dossier. En tout état de cause, le laboratoire devrait être fixé d'ici une à deux semaines. n15 années de recherches ont abouti au Multaq selon Sanofi-Aventis
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