L'Amérique, nouveau centre de gravité de la planète mobile

Le rachat de T-Mobile USA par AT&Tmp;T crée un nouveau géant américain des télécoms, à la faveur du retrait d'un des premiers opérateurs européens, Deutsche Telekom. Cette opération est symbolique du déplacement du centre de gravité de la planète mobile de l'Europe vers l'Amérique du Nord intervenu en quelques années. C'est outre-Atlantique que les opérateurs se livrent à une course de vitesse dans le déploiement des réseaux de quatrième génération, le très haut débit mobile qui va succéder à la 3G. Verizon Wireless a déjà lancé commercialement ses services 4G, accessibles à 110 millions d'Américains, et sera suivi par AT&Tmp;T à la fin de l'année.Pendant ce temps, à l'exception des opérateurs nordiques, les européens en sont encore au stade des expérimentations, France Télécome;lécom envisageant par exemple un lancement fin 2012, début 2013. « Le marché américain est leader en termes de demande et d'usage des smartphones et des applications », justifiait John Donovan, le directeur technique d'AT&Tmp;T, lors de son passage au Salon mondial du mobile de Barcelone en février.L'Europe a été pionnière de la téléphonie mobile, avec le triomphe de la norme GSM et l'hégémonie du finlandais Nokia sur le marché des terminaux, quand les Américains en étaient encore aux « pagers », ces messagers de poche. Qui domine aujourd'hui le marché des smartphones ? Le californien Apple et son iPhone, le canadien RIM et son BlackBerry, Google et son logiciel Android qui équipe désormais la majorité de ces appareils permettant de faire de l'Internet mobile. En perte de vitesse, Nokia, devenu synonyme d'appareil robuste et bon marché, est même allé chercher un Canadien de chez Microsoft, Stephen Elop, pour mener sa révolution de la dernière chance.« Alors que l'industrie mobile entre dans l'ère Internet, l'attention est désormais focalisée sur les États-Unis. C'est notamment dû à Apple qui a obligé les acteurs américains à répliquer sur leur marché domestique. Aujourd'hui le taux de pénétration des smartphones est plus élevé aux États-Unis qu'en Europe, alors que Nokia a inventé ce marché et démocratisé les smartphones », relève Carolina Milanesi, du cabinet Gartner.« C'est une tendance de fond, considère Thomas Husson, de Forrester Research. L'innovation dans le secteur vient aujourd'hui de Google, d'Apple, de Facebook, le premier site en audience mobile, et d'eBay pour le paiement mobile », observe-t-il. L'un des moteurs de cette évolution est « le basculement de l'industrie mobile vers l'univers du logiciel », le système d'exploitation primant l'aspect matériel. Autre raison de cette avance américaine : « Un marché plus homogène que l'Europe, sur le plan linguistique et législatif notamment, ce qui permet d'atteindre la taille critique et d'amortir les technologies plus vite. » La concentration des opérateurs permet aussi de déployer des solutions plus rapidement et de faire des économies d'échelle. Les États-Unis combinent une force de frappe dans le logiciel, une expertise Web et une dynamique d'innovation. Tout un écosystème qui n'existe pas en Europe.Ce grand come-back américain dans le mobile doit cependant être nuancé. Le premier vendeur de téléphones aux États-Unis reste le sud-coréen Samsung, qui a rattrapé son retard dans les smartphones grâce à Android. Et du côté des infrastructures télécoms, les équipementiers nord-américains Nortel et Motorola ont disparu du paysage, Lucent a fusionné avec Alcatel et le suédois Ericsson reste leader mondial.
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