La logistique russe tentée par le XXIe siècle

Intégrer les infrastructures russes au réseau de transport mondial en développant des corridors internationaux d'échanges adossés à une offre transport et logistique moderne ». C'est en substance, l'ambition de la Russie, comme le résume Alexander Kostyukov, de la délégation économique et commerciale de la Russie en France. Cette volonté s'accompagne d'un effort financier sans précédent : 4.750 milliards d'euros ont été inscrits sur vingt ans au schéma national russe d'infrastructures routières et ferroviaires. « En 2008, souligne Alexander Kostyukov, 21 % des investissements publics ont ainsi été consacrés au réseau de transport domestique qui a été le premier poste d'investissements du pays. »« Avec 87.000 kilomètres, le réseau de chemin de fer russe est le plus dense au monde, précise-t-il. En tonnes/kilomètres, le rail assure 55 % des trafics de marchandises. Il devance les expéditions réalisées par les 200.000 kilomètres environ de pipelines et de gazoducs (27,5 %), et le cabotage maritime (11,3 %) dont la forte croissance actuelle profite aux activités portuaires. Adaptés aux flux massifs, ces modes répondent aux besoins des exportations russes, dont les tonnages portés par les matières premières énergétiques et minérales, sont huit fois supérieurs à ses importations ». L'offre de transport russe comprend aussi 115.000 kilomètres de voies fluviales (4,7 %) qui souffrent d'une courte période de navigation en raison des conditions climatiques. Quant à la route (1,5 % au global), elle représente néanmoins la moitié des tonnages sur courte distance, à proximité et dans les agglomérations en particulier. Avec 745.000 kilomètres revêtus seulement (plus de 400.000 kilomètres en France, hors voirie communale), l'infrastructure routière est promise à un fort développement ces prochaines années. « Apprécier le risque »Reste que, au-delà des annonces fabuleuses, la réalité quotidienne demeure quelque peu... ardue. Le pays, gravement touché par la crise financière, a vu sa consommation intérieure s'effondrer en 2009, ce qui a refroidi de nombreux opérateurs logistiques internationaux. Habitué à se développer dans le sillage de ses clients grands comptes, Geodis reconnaît ainsi avoir depuis longtemps une approche prudente vis-à-vis de la Russie. « C'est un pays sensible et la prudence s'impose à tous les niveaux », concède Gérard Zaoui, directeur général de Geodis Calberson Grand Est. Une prudence qui n'empêche toutefois pas le groupe d'y développer des activités, même si la Russie ne représente pour l'instant qu'une part infime de son chiffre d'affaires. « Pour développer une activité dans le pays, il faut bien apprécier le risque et s'entourer d'un management local de qualité et loyal », conseille Gérard Zaoui. Une mesure d'autant plus importante que les contrôles fiscaux et comptables sont fréquents et inopinés. « Outre les us et coutumes inhérents à l'âme russe, il est essentiel d'avoir des collaborateurs qui maîtrisent une législation souvent complexe et en perpétuelle évolution », insiste-t-il. Un pays difficile à aborder, à moins d'y accompagner de grands comptes en partageant une même éthique. Béatrice DelamotteDOSSIER SPÉCIAL SITL
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