La monnaie unique plie mais ne rompt pas malgré la crise qui secoue les Seize

S'il n'a pas plongé la semaine dernière, l'euro n'en a pas moins connu sa semaine la plus agitée depuis janvier, alors que l'Europe affichait ses désaccords concernant le sauvetage de la Grèce, l'avenir des institutions qui régissent les seize pays de la zone et la supériorité du modèle allemand, dans une indescriptible cacophonie. La monnaie unique a dérivé face aux quinze monnaies mondiales les plus traitées, y compris la très discutée livre sterling. Face au dollar, l'euro a rechuté en dessous de 1,36, dérivant vendredi jusqu'à 1,3505, tout près du point bas de dix mois atteint le 18 février à 1,3435, au plus fort de la tragédie grecque. Par rapport au franc suisse, qui joue à nouveau le rôle de valeur refuge, l'euro est tombé à un plancher de dix-huit mois, à 1,4315.L'euro parvient pourtant à éviter une crise aussi sérieuse que celle traversée par la zone qui l'abrite. Première explication : une forte correction a déjà eu lieu et les positions courtes (vendeuses) en euros n'ont jamais été aussi élevées depuis la naissance de la monnaie unique. Deuxième explication : l'Europe n'a pas fermé la porte à la Grèce, menacée de ne pouvoir honorer le service de sa dette d'ici à fin avril, même si les incertitudes demeurent sur le type de plan de soutien qui sera adopté. Et il est difficile d'envisager qu'elle puisse laisser tomber tout autre de ses membres s'ils venaient à connaître des difficultés analogues. Troisième explication : la proposition d'Angela Merkel estimant que la zone euro doit pouvoir exclure un de ses membres, en cas de manquement grave aux exigences communautaires, est loin de faire l'unanimité. Elle est même balayée d'un revers de manche par Jean-Claude Trichet évoquant une « hypothèse absurde ». Enfin, les acteurs du marché des changes, pour qui la vengeance est un plat qui se mange froid, se sont temporairement mis sur la touche : ils ont conservé des munitions au cas où l'Europe ne parviendrait pas à s'entendre sur un plan de sauvetage de la Grèce, laissant Athènes recourir au FMI. Dans cette optique, rendez-vous est fixé aux 25 et 26 mars, lors du sommet des chefs d'état et de gouvernement européens. Si l'Europe continue à s'engluer, ils sortiront l'artillerie lourde, avec en ligne de mire le seuil de 1,30 dollar pour un euro à l'horizon de trois mois, que cible notamment la banque UBS, l'une des plus actives sur le change. N'oublions pas néanmoins qu'il reste dans le marché quelques irréductibles pour qui la crise que traverse l'Europe est l'antichambre qui mène vers la création d'un gouvernement économique européen, pour laquelle les Seize auront à coeur de montrer que l'euro est leur bien le plus précieux.
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