Le bloc-notes de Stéphane Soumier

STRONG>Le plein ?Une digue. En matière de communication Christophe de Margerie ne cèdera plus un pouce de terrain. Et la semaine dernière il me disait clairement qu'il encourageait ses équipes à en faire autant. En rentrant de vacances, il y a quelques semaines, il découvre, par exemple, que Michelin fait la promo d'un nouveau pneu qui permet de réduire la consommation d'essence. Et le "visuel", c'est un pneu lancé avec force qui fait exploser une station service. Eh bien ça, le patron de Total ne supporte pas, "en plus elle est rouge la station service, comme les nôtres, et puis Michelin, ce sont vraiment nos amis, vraiment. Je les ai tout de suite appelés pour voir s'il n'y avait pas moyen de modifier la campagne, mais c'était trop tard". Les dirigeants de Michelin n'avaient pas imaginé que le patron de Total pourrait s'inquiéter à ce point du sort d'une station service imaginaire dans un décor futuriste. Ils ne savaient pas qu'il avait fait des stations services une des pierres de La Digue : "nos marges sont ultra-réduites là-dessus, mais je considère qu'il est très important que nous vendions notre produit, que nous le vendions bien et que nous en soyons fiers". D'ailleurs il leur offre un lifting, à ses stations, il a tenu à s'occuper personnellement du moindre détail, il est monté en première ligne pour garder toute sa place sur les autoroutes au moment du renouvellement des concessions. Et quand je l'écoute, je n'ai aucun doute sur la solidité de cette digue. Elle doit même formidablement dynamiser en interne. Je pense qu'il a cherché à remonter la pente, au début, pour changer l'image de Total. Et puis il a renoncé. Vouloir se faire aimer n'a pas de sens. Mais résister doit être un combat passionnantLe méchant de l'histoireLa phrase est passée inaperçue. Et pourtant: "je pense que l'impact sur l'environnement de ce désastre sera très très modeste". Quel désastre? L'explosion de la plate-forme dans le Golfe du Mexique. Qui parle? Le patron de BP lui-même, Tony Hayward. Et c'est vrai que des spécialistes vous expliquent que ce pétrole est très léger, qu'une grande partie va s'évaporer. Commentaire de l'Independent, l'un des grands quotidiens de Londres: "il semble que ces propos soient assez pertinents, et ceux qui parlent de gaffe, devraient plutôt se réjouir qu'une personne ayant autorité n'ai pas peur de laisser échapper la vérité. Même s'il sait que ça ne se passera pas bien. Même s'il sait qu'il est le méchant de l'histoire". C'est en Grande-Bretagne. Peut-on, une seule seconde, imaginer pareil commentaire en France?Market PlaceDifficile en ce moment d'écrire quoi que ce soit sur les marchés. On risque d'être démenti dans la seconde qui suit l'impression de la phrase. "D'ailleurs, nos clients en ont marre", me disaient mercredi quelques gérants un peu désabusés, "tous sont en train de partir vers l'immobilier, on retrouve ce besoin ancestral d'être sûr de posséder quelque chose".Issue de secoursDenis Jacquat est un expert incontesté sur les retraites. Même la CGT l'écoute. Député UMP, il suit le dossier depuis plus de 20 ans. Il a été partout, au Canada, en Norvège, étudier l'évolution des systèmes. Ce matin-là, j'avais deux-trois questions simples :- y a-t-il une formule mathématique (entre durée de cotisation, augmentation des prélèvements, baisse des pensions) qui garantisse l'équilibre des retraites ?- Oui, bien sûr, répond-il, mais elle est politiquement inacceptable.- Alors il faut prendre acte de ce que la répartition ne suffit plus et passer à la capitalisation ?- On ne le fera pas. Ça aussi ce serait politiquement inacceptable.- Donc vous nous dites qu'on va dans le mur...- Je n'ai pas dit ça!Ce matin là, j'ai pourtant bien cru l'entendre.
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