François Hollande rencontre enfin son principal adversaire, la "finance sans visage"

François Hollande a rendez-vous avec son principal adversaire, la \"finance sans visage.\" Ce vendredi après-midi, le président de la République recevra le comité exécutif de la Fédération bancaire française (FBF). A savoir Jean-Paul Chifflet, à la fois président de la FBF et patron du Crédit agricole, ainsi que les dirigeants de BNP Paribas, de la Société générale, du groupe BPCE, du Crédit Mutuel et de la Banque Postale. Autant de représentants de cette finance que François Hollande avait décrite comme son \"principal adversaire\", lors de son discours du Bourget du 22 janvier 2012. Discours au cours duquel il avait promis de couper les banques en deux, avec, d\'un côté, les activités de collecte des dépôts et de prêts à l\'économie et, de l\'autre, les activités de marchés.Le lobbying bancaire a débouché sur un projet de loi a minima Est-ce pour éviter toute pression que François Hollande a attendu le lendemain de l\'adoption définitive du projet de loi de séparation des activités bancaires par le Parlement pour recevoir les grands banquiers français ? Nicolas Sarkozy, lui, les avait conviés à l\'Elysée dans les semaines qui avaient suivi son élection, en mai 2007. Si c\'est le cas, c\'est raté car le lobby bancaire qui s\'est exercé sur les ministres et les parlementaires a débouché sur un projet de loi a minima, selon plusieurs observateurs. De fait, il n\'y aura pas de véritable séparation des activités de détail de celles de dépôt, loin de là. Seules les activités spéculatives réalisées pour le propre compte des banques françaises, qui ne représentent plus grand-chose dans le chiffre d\'affaires de ces dernières, seront cantonnées dans une filiale ad hoc, qui devra se financer toute seule, sans l\'aide de sa maison-mère.Les banques ont grandement besoin de fonds propres pour se conformer à Bâle III.C\'est donc avec une certaine quiétude que les banquiers peuvent aller à la rencontre du président de la République, aujourd\'hui, pour défendre les autres sujets qui leur tiennent à cœur. A commencer par la récupération d\'une partie de la collecte du Livret A et du LDD, centralisée à hauteur de 65% à la Caisse des dépôts (CDC), alors que les banques ont grandement besoin de fonds propres pour se conformer à la future réglementation de Bâle III. Et, disent-elles, pour continuer à financer l\'économie. Un argument auquel le chef de l\'Etat peut difficilement être insensible. Bercy cherche à ménager et les banques et la CDC, avec un projet de décret qui prévoit de reverser 25 milliards d\'euros aux banques, au lieu des 50 milliards espérés.Pierre Moscovici a jugé « excessif » le projet de taxe sur les transactions financièresAutre sujet qui devrait venir sur la table : le projet de taxe sur les transactions financières porté par la Commission européenne, dont le Crédit agricole évalue l\'impact négatif sur ses comptes à 17 milliards d\'euros, tandis que Natixis l\'estime à 7 milliards. Des sommes suffisamment importantes pour que les banquiers aient accueilli avec délices les propos de Pierre Moscovici, qui, dans le cadre des rencontres Paris Europlace du 11 juillet, a jugé \"excessif\" le projet de taxe sur les transactions financières de Bruxelles. Mais il faut compter avec la pression d\'ONG comme Oxfam France, qui ont appelé le 18 juillet François Hollande \"à réaffirmer clairement (vendredi) devant la Fédération bancaire française son engagement en faveur d\'un taxe européenne forte sur les transactions financières, dont une part significative des revenus doit soutenir les actions de solidarité internationale.\"Les banques n\'ont nulle envie d\'entrer au capital d\'EuronextCela dit, les banquiers ont un atout dans leur manche : l\'avenir d\'Euronext, le gestionnaire des Bourses de Paris, d\'Amsterdam, de Bruxelles et de Lisbonne, qui doit être introduit en Bourse en 2014, une fois bouclé le rachat de Nyse Euronext par l\'Americain Ice. Toujours dans le cadre des rencontres Paris Europlace du 11 juillet, Pierre Moscovici avait souligné que l\'avenir d\'Euronext était \"un enjeu pour la France\", et que cela supposait \"que les grands acteurs de la place de Paris soient prêts à se mobiliser pour stabiliser l\'actionnariat de ce nouvel Euronext.\" Autrement dit, les banques françaises seraient bien aimables d\'entrer au capital d\'Euronext lors de son introduction en Bourse. Exaspérées, entre autres, par le projet de taxe sur les transactions financières, ces dernières n\'en ont nulle envie. A moins, peut-être, que le chef de l\'Etat ne lâche du lest sur les autres sujets... 
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