Le Parti communiste chinois impose une ligne rouge à la libéralisation de l'économie

La Chine doit rester ce qu\'elle est, c\'est-à-dire un pays communiste. C\'est en somme le sens d\'une note secrète appelée \"Document numéro 9\", rédigée par le parti communiste chinois à destination de ses membres, dont le New York Times a eu connaissance et en fournit la teneur dans son édition de mardi dernier. Selon cette note, il est possible que le parti unique en Chine finisse par perdre le pouvoir. A moins que le pays ne parvienne à éradiquer sept idées qui vont à l\'encontre de sa pureté idéologique. En tête : l\'idée d\'une constitution démocratique à l\'occidentale. Suivent notamment la défense des droits de l\'Homme, une justice indépendante, la liberté de la presse, le néo-libéralisme et l\'émergence d\'une société civile.En somme, le parti communiste chinois a décidé de taper du point sur la table pour réaffirmer son leadership dans une période compliquée pour Pékin, qui se méfie du mécontentement grandissant de la population face à la corruption, alors que le pays semble entrer dans une phase de ralentissement durable de sa croissance économique.Les réformistes se voient adresser une fin de non-recevoirSelon des sources internes au parti citées par la presse américaine, ce rappel à l\'ordre porte indéniablement la marque du président chinois, Xi Jinping, fraîchement arrivé au pouvoir, et qui cherche désormais à imposer son leadership. Car le parti semble de plus en plus divisé entre ceux qui sont favorables à une libéralisation du système politique et les garants de l\'idéologie maoïste, partisans d\'un pouvoir central fort. Par ce document, il adresse une fin de non-recevoir à ceux qui voyaient en lui l\'homme des réformes politiques en Chine. Le mois dernier, le président chinois avait déjà lancé une campagne censée durer un an et qui vise à purifier le parti unique en écartant ses rivaux et en renforçant sa discipline idéologique. Campagne qui se serait déjà accompagnée de nombreuses arrestations d\'activistes ces dernières semaines, dont le juriste constitutionnel qui avait appelé les officiels du régime à déclarer leurs patrimoines, Xu Zhiyong, selon des organisations de défense des droits de l\'Homme citées par le Wall Street Journal dans son édition de mardi. Et les médias détenus par, ou proches du pouvoir, ne cessent, depuis, de s\'attaquer avec véhémence aux valeurs occidentales dénoncées par le \"Document numéro 9\".Xi Jinping veut rappeler son ancrage idéologique maoïsteCe mouvement de purification idéologique intervient alors que Pékin avait fait montre de volonté en faveur de réformes visant à développer la consommation intérieure pour compenser la baisse des investissements et des exportations qui étaient les moteurs de la croissance économique chinoise ces trente dernières années. Ces annonces de réformes avaient donné de l\'espoir aux défenseurs de la classe moyenne chinoise, qui y voyaient comme corolaire une libéralisation du système politique et la création d\'une véritable société civile.Cette radicalisation des positions de Xi Jinping intervient aussi quelques jours avant le procès de Bo Xilai, l\'ancienne étoile montante néo-maoïste du parti unique, fauché en plein vol par un scandale de corruption et qui connaîtra son sort, vraisemblablement moins sévère qu\'attendu, jeudi. En se rangeant à l\'idéologie de l\'aile gauche du parti, qui soutenait Bo Xilai, Xi Jinping s\'arrogerait en habile politique le soutien des anciens supporteurs du néo-maoïste sans trop se forcer. Car selon de nombreuses sources internes au parti, dont l\'un de ses amis d\'enfance cité par le Wall Street Journal, le président chinois, qui défend les entrepreneurs comme étant des créateurs de richesse, serait  tout de même très proche idéologiquement de Bo Xilaï et tiendrait dans la pensée du Grand Timonier et celle de Karl Marx ses principaux repères.Libéralisation de l\'économie ne veut pas dire démocratie à l\'occidentaleEn décembre dernier, Xi Jinping avait d\'ailleurs alarmé les défenseurs d\'une libéralisation politique de la Chine une première fois en affirmant lors d\'un discours, portant une critique à peine voilée de Michaël Gorbatchev, que l\'Union soviétique s\'était effondrée à cause d\'un déficit idéologique parmi ses dirigeants et parce qu\'elle ne disposait pas à sa tête d\'un \"véritable homme\" fort. C\'est ce rempart contre l\'effondrement du système communiste chinois qu\'entendrait incarner Xi Jinping. Selon Jiang Zemin, l\'ancien président de la Chine, le nouveau chef du pays en aurait toutes les qualités.En tout cas, en mêlant réformes économiques et réaffirmation du pouvoir du parti communiste, Pékin rappelle que libéralisation de l\'économie et mise en place de réformes démocratiques sur le modèle occidental ne vont pas forcément de paire. Et dans le cas présent, les réformes économiques pourraient essentiellement servir à calmer la population et maintenir le pouvoir communiste à la tête du pays sans nécessairement vouloir dire plus. \"Peu importe que le chat soit noir ou gris, pourvu qu\'il attrape les souris,\" avait déclaré Deng Xiaoping en 1972, alors qu\'il incitait les Chinois à ne pas avoir peur de s\'enrichir. Père de l\'ouverture de l\'économie chinoise à partir de 1978 et artisan des réformes qui ont propulsé l\'économie du pays ces trente dernières années, c\'est pourtant lui qui avait donné le feu vert à la répression par l\'armée des manifestants de la place Tian\'anmen en 1989.
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