Actionnaire bancaire, défi du futur gouvernement allemand

financeS'il est un domaine où la grande coalition a travaillé dans l'unité, c'est bien celui de la gestion de la tourmente financière. Le ministre social-démocrate des Finances, Peer Steinbrück, et la chancelière conservatrice, Angela Merkel, ont agi ensemble, n'hésitant pas à faire des entorses aux principes de « l'économie sociale de march頻. Hypo Real Estate (HRE), qui menaçait de devenir un second Lehman, a ainsi été nationalisé, une première depuis la guerre. L'État fédéral a également acquis 25 % du capital de Commerzbank et a injecté plus de 18 milliards d'euros dans le groupe afin de conclure le rachat de Dresdner Bank, décidé en août 2008. Au final, il n'y a guère que la Deutsche Bank qui ait pu refuser de recourir aux fonds publics.Devenu un acteur incontournable du secteur bancaire, l'État a aussi voulu avoir son mot à dire sur la stratégie. « L'acquisition de HRE par le biais d'une augmentation de capital a montré l'ampleur des mesures nécessaires à l'État fédéral pour étendre son influence sur les banques en difficult頻, explique Patrick Rioual, analyste à l'agence de notation Fitch à Francfort. Car malgré 100 milliards d'euros de garanties successivement accordées à la banque par l'État et la communauté bancaire, Berlin n'avait auparavant qu'une influence très limitée sur la stratégie du groupe.Par ailleurs, si l'État a accepté d'assouplir certaines règles comptables, il a aussi légiféré pour accroître la marge de man?uvre du gendarme financier, la BaFin, en lui permettant d'intervenir plus en amont, ce qui pourrait notamment se traduire par une injonction de suspendre la rémunération des obligations hybrides lorsque la situation d'une banque est jugée préoccupante. « Si elle veut asseoir sa crédibilité, la BaFin devra exploiter au maximum ces nouvelles prérogatives dans les mois qui viennent, car l'occasion risque de ne pas se représenter de sitôt », estime Patrick Rioual.Rendre réelle la maîtrise des risques sera le défi du prochain gouvernement qui devra aussi définir une stratégie de sortie de crise. Une tâche malaisée. La situation de HRE reste ainsi incertaine, ce qui éloigne l'horizon de sa privatisation future. Concernant Commerzbank, Martin Blessing, son patron, a récemment fait preuve de beaucoup d'optimisme. Mais quel moment choisira l'État pour sortir du capital ? Et Berlin poussera-t-il à la vente d'Eurohypo, la filiale de financement d'immobilier et de collectivités locales de Commerzbank ? Autant de questions auxquelles il faudra répondre après les élections du 27 septembre.consolidationLe futur gouvernement devra surtout s'attacher à parvenir à une consolidation des Landesbanken, ces sept colosses régionaux dont le bilan cumulé atteint 1.800 milliards d'euros et qui ont pris des risques inconsidérés sur les marchés. Or, comme le remarque Patrick Rioual, « le fédéralisme constitue un frein majeur à une possible concentration des Landesbanken ». Berlin a ainsi créé pour elles une structure de défaisance à la condition qu'elles s'engagent dans un processus de consolidation. Mais, jaloux de leurs prérogatives, les Länder, actionnaires de ces banques et qui les ont souvent aidées directement, traînent des pieds. Pourtant, ce processus de fusion et d'assainissement semble indispensable. La semaine dernière, Fitch a placé cinq Landesbanken sous surveillance négative. Le prochain gouvernement pourra-t-il réussir là où ses prédécesseurs ont échoué ?
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